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Le panda géant dépense très peu d'énergie au quotidien, une adaptation à un régime herbivore peu nutritif

Publié le : 7 août 2015  |  Auteur : Jérôme POUILLE  |  Sources : Science

 

Une équipe de scientifiques chinois et anglais, dont le Professeur John R. Speakman de l'université d'Aberdeen, a étudié les dépenses énergétiques des pandas géants afin de mieux comprendre leur métabolisme au regard de leur régime si particulier en bambous.

Les dépenses énergétiques quotidiennes ont été mesurées chez 5 pandas captifs et 3 pandas sauvages. En moyenne, elles sont de 5,2 mégajoules par jour (MJ/j), soit seulement 37,7% de la valeur attendue (13,8 MJ/j) pour un mammifère de cette taille. Pour les pandas sauvages, la moyenne est de 6,2 MJ/j (soit 45% de la valeur attendue). Pour les captifs, elle est de 4,6 MJ/j.

Ces valeurs sont nettement inférieures à celles d'autres animaux connus pour avoir une dépense énergétique faible comme le koala (Phascolarctos cinerus) et l'échidné (Tachyglossus aculeatus), qui sont respectivement de 69% et 66% de la valeur attendue. Et presque identique au paresseux à gorge brune (Bradypus variegatus) avec 36% de la valeur attendue.

Les pandas atteignent ce niveau exceptionnellement bas de dépenses énergétiques en partie grâce à la taille réduite de plusieurs de leurs organes vitaux (cerveau, foie, reins, respectivement plus petits de 82,5%, 62,8% et 74,5% qu'attendu pour un mammifère de cette taille) mais aussi grâce à un faible niveau d'activité physique.

De manière générale, chez de nombreuses espèces, les faibles taux métaboliques peuvent être atteints grâce à l'homéothermie. Cependant, les températures corporelles du panda géant montrent qu'il ne se livre ni à une torpeur quotidenne ni à l'hibernation. Vraisemblablement, les pandas géants peuvent maintenir une température élevée du corps, malgré leur faible dépense énergétique, parce qu'ils ont un pelage profond capable de piéger leur chaleur corporelle.

La réduction de l'activité est un autre moyen de réduire ses dépenses énergétiques. Les pandas captifs étudiés passent 33% de leur temps à être physiquement actifs, 49% pour ceux sauvages ; des niveaux relativement faibles pour un mammifère terrestre de cette taille.

En outre, les taux circulants d'hormones thyroïdiennes thyroxine (T4) et triiodothyronine (T3), deux hormones qui influent l'activité métabolique au repos, sont en moyenne plus faibles de 46,9 et 64,0% respectivement par rapport aux niveaux attendus pour un mammifère euthérien de taille comparable.

En effet, les scientifiques ont découvert chez le panda une mutation unique du gène DUOX2 (dual oxydase 2), critique dans la synthèse des hormones thyroïdiennes, pouvant expliquer ces niveaux relativement bas d'hormones.

C'est donc bien une combinaison d'adaptations morphologiques, comportementales, physiologiques et génétiques qui conduit à une dépense énergétique faible permettant au panda géant de survivre à ce régime si particulier.

Le panda est un animal carnivore au régime essentiellement herbivore et son tube digestif n'est pas bien adapté à un régime herbivore aussi strict. Il n'assimile donc pas bien le bambou, digérant environ seulement 17% de la nourriture qu'il ingère, au lieu de 80% comme un herbivore. Il a ainsi développé un certain nombre d'adaptations à ce régime alimentaire spécifique, notamment des adaptations anatomiques : dentition, crâne, muscles de la mastication et sixième doigt.

 


Fu Fu - Base de Chengdu - No.2 Panda house - 22 mars 2015 - © Jérôme POUILLE

 

A lire :

        > 21 novembre 2011 : Le grand panda possède des bactéries potentiellement capables de digérer en partie le bambou

        > 21 décembre 2009 : Le régime alimentaire si caractéristique du panda géant expliqué par les gènes

        > 14 décembre 2009 : Les scientifiques ont dressé la carte détaillée du génome du panda

 

Pour en savoir plus :

        > Alimentation et adaptations morphologiques