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Un village à l'intérieur de la réserve naturelle de Baishuijiang visité par un panda sauvage

Publié le : 14 mars 2014  |  Auteur : Jérôme POUILLE  |  Sources : Sohu, Chinanews, Sina, Baishuijiang NR, ECNS, Gansu Daily, Weibo, lovecatbear  |  Remerciements : Charlene Johnson, Danielle Lemaire, Lovecatbear

 

Un panda sauvage a été vu et photographié le 1er mars dernier, vers 10 heures le matin, par des habitants dans le village de Liziba (ou Lizibacun 李子坝村, comté de Wenxian) dans la province du Gansu, presque à la frontière avec la province du Sichuan. Ce village dépend de la ville de Bikouzhen (碧口镇), elle-même à proximité du lac de barrage de Bikou.  Le village de Liziba se situe à l'intérieur de la réserve naturelle nationale de Baishuijiang (白水江国家级自然保护区), la plus grande réserve naturelle chinoise pour la protection du panda géant.

Le premier à avoir vu l'animal est Li Yongxing mais rapidement de nombreux autres villageois ont pris des photos et suivi l'animal. Le panda est même entré dans un potager et a blessé un villageois nommé Guan Zhiquan. Au bout d'une demi-heure environ d'errance dans le village, le panda a grimpé la colline à proximité pour rejoindre le milieu naturel.

 


Le panda photographié par les nombreux villageois témoins de la scène

 

Chen Yubin, de la station de protection de Bikou de la réserve, s'est rendu immédiatement sur place. Accompagné d'autres personnels de la réserve, ils se sont assurés qu'à la fois villageois et panda ne soient pas en danger et sont restés jusqu'à ce que l'animal reparte. Ils ont également prélevé des crottes. Les analyses de ces dernières, ajoutées aux observations visuelles, laissent penser qu'il s'agissait d'un animal âgé de 15 à 18 ans d'environ 75 kilos.

Cette observation est à la fois le témoignage de l'emprise de l'homme et des villages dans le territoire du panda mais également une illustration de l'acceptation du trésor national chinois par les locaux. Cette acceptation est le fruit du travail du gouvernement et du WWF dans des programmes intégrés de conservation et de développement. Bien sûr, cette cohabitation n'est pas sans risque. Dans le cas précis de cette observation, la présence de très nombreux villageois et de chiens présentait un risque (transmission de maladies,...) pour le panda, mais aussi pour les habitants, et malgré cela l'acceptation et la cohabitation doivent durer. La prise en compte des populations locales qui vivent dans ou à proximité de l'habitat du panda est primordiale afin que les politiques de conservation ne s'inscrivent pas en opposition avec le développement et la présence des locaux. C'est seulement en donnant satisfaction efficacement aux besoins des populations locales et en encourageant des pratiques de développement durable que la survie à long terme du panda peut être espérée. C'est dans cette perspective que les programmes de conservation sont menés, avec un volet de soutien au développement durable des communautés.

Un exemple des problèmes que peut poser l'établissement de villages dans l'habitat du panda est celui du bétail. Une étude récente menée par des scientifiques de l'Université d'Etat du Michigan (Michigan State University) a montré que la multiplication des chevaux dans la réserve naturelle nationale de Wolong, acquis par les agriculteurs mais laissés en semi-liberté dans les forêts, rentrait en concurrence avec le panda notamment pour la sélection de l'habitat et également de la nourriture (bambous). En l'espace de 10 ans, de 1998 à 2008, Vanessa Hull, Jianguo Liu et leurs collègues ont montré que le nombre de chevaux à l'intérieur de la réserve était passé de 25 à 350 individus vivant en 20 ou 30 hordes. Rentrant en compétition également avec le bétail traditionnel, les fermiers avaient pris l'habitude de laisser les chevaux pâturer librement dans les forêts, en attendant de les revendre au cas par cas comme source de revenus, mais ces chevaux divaguant ravagent des espaces entiers d'habitat. Ce n'est qu'un exemple mais les scientifiques assurent que le bétail est toujours un compétiteur dans des habitats sensibles. Dans le cas précis des hordes de chevaux dans la réserve de Wolong, le problème est résolu car les gestionnaires de la réserve ont interdit la présence des chevaux dans la réserve sur la base des résultats des chercheurs.

 

La réserve naturelle de Baishuijiang est une réserve à statut national située majoritairement dans le comtés de Wen (Wenxian), mais aussi dans une moindre mesure dans celui de Wudu, dans la province du Gansu. Etablie en 1978 sous statut provincial, elle est devenue une réserve nationale en 1990 et elle protège aujourd'hui un territoire de 223 671 hectares dans les Monts Minshan côté comté de Wenxian et dans les Monts Qinling côté comté de Wudu, deux des six grands Monts habités par le panda. Au sud-est, la réserve est adjacente aux réserves naturelles de Tangjiahe et Dongyanggou, à l'ouest adjacente avec celle de Wujiao et connectée avec celles de Jiuzhaigou et Wanglang.

La zone centrale, cœur de la réserve, fait 97 329 hectares ; la zone tampon 26 032 hectares et enfin la zone expérimentale 100 310 hectares. La réserve compte sept stations de recherches et une base spéciale pour le panda.

 


La station de recherches de Baimahe, à l'ouest de la réserve - © Baishuijiang NR

 

La station de Liujaping - © Baishuijiang NR

 

La base de Qiujiaba, spécifiquement dédiée aux pandas - © Baishuijiang NR

 

Même si l'altitude dans la réserve varie entre 595 et 3 837 mètres, la réserve est majoritairement située entre 2500 et 3100 mètres d'altitude. La partie nord-ouest de la réserve est la plus élevée, la partie sud-est la moins élevée. Les pics les plus hauts sont Jinggeliushan (3 530 mètres), Huangtuliang (3 882 mètres) et Motianling (2 227 mètres). Les sommets sont généralement plats et rocheux tandis que les vallées sont généralement à une altitude inférieure à 1 000 mètres, avec des pentes jusqu'à 45°. La réserve est parcourue par deux cours d'eau majeurs : la rivière Baishuijiang et la rivière Bailongjiang.

La température annuelle moyenne dans la réserve est de 15°C, mais elle peut excéder les 25°C dans les secteurs de faible altitude durant la saison chaude. Les extrêmes de température varient d'environ -7,4°C à 37,5°C. A haute altitude, 140 jours dans l'année sont sans gel, contre 338 jours à basse altitude. Les précipitations annuelles moyennes sont de 800 mm et la saison des pluies dure de juillet à septembre.

Les caractéristiques climatiques dans la réserve permettent de retrouver des formations végétales étagées verticalement comme suit : forêts mixtes de feuillus à feuilles persistantes et de feuillus à feuilles caduques en dessous de 1 000 mètres, forêts de feuillus à feuilles caduques entre 1 000 et 1 700 mètres, forêts mixtes de feuillus et de conifères entre 1 700 et 2 900 mètres, forêts de conifères entre 2 900 et 3 500 mètres, prairies arbustives alpines au-dessus de 3 500 mètres.

Les conditions qu'offre la réserve sont propices à une riche biodiversité. On dénombre au moins 485 espèces de vertébrés dont 275 espèces d'oiseaux (appartenant à 16 ordres, 43 familles et 130 genres), 37 espèces de reptiles (appartenant à 7 ordres, 11 familles et 23 genres), 28 espèces d'amphibiens (appartenant à 2 ordres, 8 familles et 14 genres), 68 espèces de poissons (appartenant à 4 ordres, 8 familles et 47 genres) et 77 espèces de mammifères (appartenant à 7 ordres, 28 familles et 59 genres). Mais également au moins 195 espèces d'araignées, 2 138 espèces d'insectes et 2 165 espèces de plantes supérieures (dont 8 espèces nouvelles pour la science et 102 inconnues jusqu'alors dans le Gansu). 18 espèces de bambous poussent dans la réserve et 5 d'entre-elles sont préférentiellement consommées par le panda dont Fargesia spathacea, Yushania chungii, Fargesia aurita et Bashania fangiana.

Parmi les espèces végétales de la réserve, citons l'arbre aux mouchoirs (Davidia involucrata), la variété mairei de l'if de Chine (Taxus chinensis), l'Emmenopterys henryi (un arbre rare cousin du caféier) et Cephalotaxus oliveri (un petit arbuste à feuillage persistant).

Parmi les espèces animales de la réserve, citons le martin-pêcheur, le faisan doré, le mulot coréen (Apodemus peninsulae), l'élaphode (un cervidé) (Elaphodus cephalophus), le bambusicole de Chine (un gallinacé) (Bambusicola thoracicus), le panda géant, le rhinopithèque de Roxellane, le cerf porte-musc des forêts (Moschus berezovskii), le rat des bambous, le tragopan de Temminck (Tragopan temminckii), le hokki bleu (Crossoptilon auritum), le takin, la martre à gorge jaune (Martes flavigula), le roitelet, le cassenoix (Nucifraga sp.), le lophophore de Lhuys (Lophophorus lhuysii), le grand bharal ou mouton bleu (Pseudois nayaur), la perdrix choukar (Alectoris chukar), la salamandre géante chinoise (Andrias davidianus) et la panthère longibande ou panthère nébuleuse (Neofelis nebulosa).

Selon le dernier recensement des pandas géants qui a eu lieu entre 1999 et 2003 et dont les résultats ont été publiés en 2004, la réserve abrite 102 pandas sauvages, soit 87,18% des pandas sauvages vivant dans la province du Gansu et 14,41% des pandas sauvages vivant dans les Monts Minshan. Plus de la moitié du territoire de la réserve, soit 54,51%, est considéré comme habité par le panda ; ce chiffre se porte à 86,23% si l'habitat potentiel est inclut.

L'habitat du panda dans la réserve s'établit sur un secteur d'environ 100 kilomètres de l'est vers l'ouest et de 20 kilomètres du nord au sud. Les pandas occupent généralement les altitudes supérieures à 2 000 mètres, voire un peu plus bas dans la partie la plus à l'est.

La réserve est largement habitée par l'homme (au moins 150 villages administratifs et 11 villes).

 

A lire : D'autres actualités en lien avec la réserve naturelle de Baishuijiang :

        > 31 août 2011 : Un grand panda photographié mi-août dans le corridor de Huangtuliang

        > 29 mai 2008 : Séisme en Chine : Le destin des pandas sauvages de la réserve de Baishuijiang reste inconnu après le séisme

        > 28 juillet 2007 : Le territoire du panda s'agrandit

        > 12 décembre 2005 : Fondation d'une base de recherches sur le panda géant à Gansu

        > 10 février 2005 : La floraison des bambous responsable de la faim des pandas

        > 17 janvier 2005 : Le nombre de pandas a augmenté dans la réserve naturelle de Gansu

 

Pour en savoir plus :

        > Répartition : Les pandas des Monts Minshan, dans la province du Sichuan et du Gansu

        > Les réserves naturelles pour protéger l'habitat du panda : Fin 2009, la Chine compte 67 réserves naturelles pour la protection des populations sauvages de pandas

        > Liste des réserves naturelles de l'habitat du panda (PDF)