LA LISTE ROUGE DE L'IUCN DES ESPÈCES MENACÉES
Ailuropoda melanoleuca
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Qu'est-ce que la liste rouge ?
Evaluation 2016 du statut de menace du panda géant
L'Union Internationale de Conservation de la Nature (UICN, en anglais IUCN pour International Union for Conservation of Nature) est une union de membres composée de gouvernements et d’organisations de la société civile. Elle offre aux organisations publiques, privées et non-gouvernementales les connaissances et les outils nécessaires pour que le progrès humain, le développement économique et la conservation de la nature se réalisent en harmonie.
Créée en 1948, l’UICN s’est agrandie au fil des ans pour devenir le réseau environnemental le plus important et le plus diversifié au monde. Elle compte avec l’expérience, les ressources et le poids de ses 1 300 organisations membres et les compétences de plus de 16 000 experts. Elle fait aujourd'hui autorité au niveau international sur l’état de la nature et des ressources naturelles dans le monde et sur les mesures pour les préserver.
Qu'est-ce que la Liste rouge ?
La Liste rouge des espèces menacées publiée par l'UICN constitue l'inventaire mondial du statut de conservation des espèces animales et végétales le plus exhaustif au monde. Une série de critères permet d'évaluer le statut de menace ou risque d'extinction de milliers d'espèces et de sous-espèces. Fondée sur une solide base scientifique, la Liste rouge de l’UICN est reconnue comme l’outil de référence le plus fiable pour connaître le niveau des menaces pesant sur la diversité biologique spécifique.
La liste comporte 9 catégories de classification des espèces en fonction de leur statut de conservation : éteinte (EX), éteinte à l’état sauvage (EW), en danger critique (CR), en danger (EN), vulnérable (VU), quasi menacée (NT), préoccupation mineure (LC), données insuffisantes (DD), non évaluée (NE).
La classification d’une espèce ou d’une sous-espèce dans l’une des trois catégories d’espèces menacées d’extinction (CR, EN ou VU) s’effectue par le biais d’une série de cinq critères quantitatifs qui forment le cœur du système. Ces critères sont basés sur différents facteurs biologiques associés au risque d’extinction : taille de population, taux de déclin, aire de répartition géographique, degré de peuplement et de fragmentation de la répartition.
Les catégories de menace de la Liste rouge de l’UICN sont les suivantes, par ordre décroissant de menace :
Éteint ou Éteint à l’état sauvage
En danger critique d’extinction, En danger et Vulnérable : espèces menacées d’extinction à l’échelle mondiale
Quasi menacées : espèces proches du seuil de menace ou qui seraient menacées en l’absence de mesures spécifiques de conservation en cours
Préoccupation mineure : espèces évaluées pour lesquelles le risque d’extinction est plus faible
Données insuffisantes : espèces qui ne sont pas évaluées en raison de l’insuffisance des données
En danger critique d’extinction (peut-être éteint) : il ne s’agit pas d’une nouvelle catégorie de la Liste rouge, mais d’une mention servant à désigner des espèces « en danger critique d’extinction » qui sont déjà éteintes selon toute probabilité mais pour lesquelles des confirmations sont nécessaires, par exemple au moyen d’études plus complètes qui ne trouvent aucun individu de l’espèce concernée.
Chiffres mondiaux pour la Liste rouge des espèces menacées de l’UICN 2016-2 :
Nombre total d'espèces évaluées : 82 954
Nombre total d’espèces menacées : 23 928
Éteint = 855
Éteint à l’état sauvage = 68
En danger critique d’extinction = 5 107
En danger = 7 602
Vulnérable = 11 219
Quasi menacé = 5 323
Faible risque / dépendant de mesures de conservation = 238 (catégorie ancienne progressivement retirée de la Liste rouge)
Préoccupation mineure = 39 053
Données insuffisantes = 13 489
Parmi les 82 954 espèces que compte la liste rouge, 23 928 sont menacées d’extinction. Parmi ces espèces, 42 % des amphibiens, 13 % des oiseaux et 26 % des mammifères sont menacés d’extinction au niveau mondial. C’est également le cas pour 30 % des requins et raies, 33 % des coraux constructeurs de récifs et 34 % des conifères. Dans cet état des lieux, la France figure parmi les 10 pays hébergeant le plus grand nombre d’espèces menacées : au total, 1 124 espèces menacées au niveau mondial sont présentes sur son territoire, en métropole et en outre-mer.
Les chiffres ci-dessus portent uniquement sur les espèces évaluées jusqu’à présent par la Liste rouge de l’UICN. Toutes les espèces de la planète n’ont pas encore été évaluées, mais la Liste rouge présente un instantané utile de l’état des espèces à l’heure actuelle et met en lumière le besoin urgent de prendre des mesures de conservation. Pour un grand nombre de groupes taxonomiques, il n’est pas possible d’indiquer les pourcentages relatifs d’espèces menacées car ces groupes n’ont pas été suffisamment évalués. Dans de nombreux cas, les évaluations se sont particulièrement focalisées sur les espèces menacées ; par conséquent, le pourcentage d’espèces menacées pour ces groupes serait fortement biaisé.
Evaluation 2016 du statut de menace du panda géant
Précédemment classé « en danger » et ce depuis 1990, le panda géant a été reclassé dans la catégorie « vulnérable », celle juste au niveau inférieur.
Le panda géant reste donc une espèce menacée d'extinction mais est déclassé dans sa catégorie moindre selon les trois évaluateurs spécialistes du panda géant (Ron Swaisgood, Dajun Wang et Fuwen Wei).
Cette ré-évaluation à la baisse du statut de menace s'explique notamment par les résultats du quatrième recensement national des pandas géants et de leur habitat réalisé de 2011 à 2014 et dont les résultats ont été publiés fin février 2015.
Pour rappel, ce dernier état des lieux a permis de dénombrer 1 864 pandas sauvages contre 1 596 pandas sauvages il y a 10 ans lors du 3ème recensement. 268 pandas supplémentaires ont été dénombrés, soit une hausse de 16,79 % comparé au 3ème recensement. L'habitat (confirmé) du panda a progressé de 11,78 % entre le 3ème et le 4ème recensement. Il est passé d'une superficie de 2 304 991 hectares à 2 576 595 hectares.
Les experts de l'UICN ont ainsi conclu que la population de pandas sauvages s'était accrue grâce au reboisement et à une protection efficace des forêts. Selon leur évaluation, cette amélioration confirme l’efficacité des efforts entrepris par le gouvernement chinois pour préserver cette espèce. Cependant, ils ont estimé, sur la base des études existantes, que le changement climatique pourrait éliminer, dans les 80 années à venir, plus de 35% des forêts de bambous qui constituent son habitat, et que les effectifs de l’espèce devraient donc décliner, perdant ainsi les acquis de ces deux dernières décennies. Ainsi, ils ont préconisé que pour protéger cette espèce emblématique, il est crucial de poursuivre la mise en œuvre de mesures efficaces de protection des forêts et de répondre aux nouvelles menaces. Ils ont admis que le gouvernement chinois a prévu d’élargir sa politique actuelle de conservation de l’espèce, ce qui représente une avancée positive devant être fortement soutenue afin d’assurer sa mise en œuvre effective.
« Depuis plus de cinquante ans, en plus d’être le symbole du WWF, le panda géant a été l'espèce emblématique des efforts de conservation dans le monde. Le fait que cet animal s’éloigne encore davantage de l'extinction réjouit tous ceux qui sont engagés dans la protection des espèces sauvages et de leurs habitats dans le monde. Cette bonne nouvelle pour le panda géant prouve que lorsque la science, la volonté politique et l'engagement des communautés locales se réunissent, nous pouvons préserver la faune et la biodiversité », a déclaré Marco Lambertini, directeur général du WWF France.
Comme le sous-entend son nouveau statut, le panda reste vulnérable, notamment à cause de la fragmentation de son territoire. Le quatrième recensement a révélé que les 1 864 pandas sauvages étaient fragmentés en 33 sous-populations quasi-isolées les unes des autres. 22 de ces 33 sous-populations comportent moins de 30 individus chacune, la plupart d'entre-elles se situent dans la partie nord-ouest des monts Minshan. Le même recensement a révélé que seulement un peu plus de la moitié (55,6 %) de l'habitat du panda est de bonne qualité, le reste étant de qualité moyenne (16,8 %) ou de faible qualité (27,6 %).
67 réserves naturelles ont été établies pour la protection entre autres du panda géant ; seulement 40 existaient lors du 3ème recensement. Ces réserves protègent 1 246 des 1 864 pandas sauvages, soit 66,85 % de la population totale. Par conséquent, encore environ un tiers des pandas sauvages vivent hors du système de réserves naturelles. Pire, elles ne protègent que 53,76 % de l'habitat du panda. Ainsi, près de la moitié de l'habitat du panda se trouve aujourd'hui non protégé par le système de réserves naturelles, ce qui le rend plus vulnérable et limite ainsi la progression de l'effectif de pandas dans cette partie.
« Ce reclassement marque des décennies d'efforts du gouvernement chinois en matière de protection et démontre que l'investissement dans la protection des espèces emblématiques comme les pandas géants est à la fois bénéfique pour les espèces et l’humanité. La victoire n’est toutefois pas totale. Les pandas restent vulnérables et éparses. Une grande partie de leur habitat demeure menacée par des projets d'infrastructures. N’oublions pas qu’il ne reste que 1 864 spécimens à l'état sauvage », a déclaré Lo Sze Ping, directeur général du WWF-Chine.
Le gouvernement chinois, par la voix de l'Administration d'Etat des Forêts (State Forestry Administration), a immédiatement indiqué que l'abaissement du statut de menace du panda géant ne serait pas synonyme d'un relâchement des efforts de conservation. En effet, comme l'ont souligné les experts de l'UICN, le gouvernement chinois a rappelé que le panda géant reste menacé notamment à cause de quatre facteurs : la fragmentation de son habitat, le risque de réduction des échanges génétiques, l'impact du changement climatique, une protection insuffisante de l'habitat. Ainsi, le gouvernement chinois assure qu'il est indispensable de poursuivre et renforcer les efforts de conservation, notamment envers les sous-populations fragmentées en grand risque d'extinction.
Rappelons que protéger l'habitat du panda géant, c'est protéger un écosystème unique, très riche, abritant des centaines d'autres espèces animales et végétales sous le « parapluie » du panda. Plus de 10 % des espèces de mammifères connues dans le monde vivent en Chine et parmi elles 18% sont endémiques de Chine. A ce jour, 179 espèces de mammifères partagent le même habitat que le panda géant, soit 32 % des mammifères qui vivent en Chine. On dénombre également 565 espèces d'oiseaux, 31 espèces de reptiles, 92 espèces d'amphibiens et 132 espèces de poissons dans l'habitat du panda.
Détail des justifications du classement dans la catégorie « vulnérable », critères « C2a(i) ; D1 » :
Critère D1 :
1 864 pandas sauvages de plus d'un an et demi (les jeunes pandas de moins de 18 mois qui se nourrissent de peu de tiges de bambous ne sont pas comptés car la méthode de comptage s'appuie sur les fragments de bambous retrouvés dans les crottes) ont été dénombrés. La composition de la population sauvage est estimée comme suit : 9,6 % de jeunes pandas de moins d'un an et demi (soit une estimation de la population totale à 2 060 individus), 50,5 % d'adultes matures (soient environ 1 040 individus). Même si cette estimation ne contient pas d'intervalle de confiance, les évaluateurs estiment que l'intervalle de confiance le plus bas serait en dessous de 1 000 individus matures (condition du critère D1 pour la catégorie « vulnérable »).
Critère C2a(i) :
La population de pandas est fragmentée en sous-populations qui ne contiennent chacune pas plus de 1 000 individus matures (puisque la population totale ne contient pas plus de 1 000 individus matures) ; cependant la taille de la plus grosse sous-population n'est pas connue à cause des incertitudes sur les connectivités entre sous-populations. Par contre il apparaît qu'au moins une population distincte dans les monts Minshan contient plus de 400 individus matures et donc l'espèce ne remplit plus le critère pour le statut « en danger ».
Les évaluateurs notent que même s'il est difficile de comparer les résultats d'un recensement avec les précédents (précision de la méthode, différences d'échantillonnage et d'analyse), l'écart entre le troisième recensement et le quatrième montre nettement au moins une stabilisation des effectifs voire même une hausse dans certaines parties de l'aire de distribution ; contrairement notamment à la tendance entre le premier et le second recensement qui montrait une baisse drastique des effectifs. Cette tendance récente à la stabilisation des effectifs est également partagée par les experts du Groupe de spécialistes des ours (Bear specialist group) au sein de l'UICN.
Cependant, compte-tenu des risques liés au changement climatique évoqués plus haut, les évaluateurs maintiennent le critère C2(a)(i) : une taille de population avec moins de 10 000 individus matures (C), un déclin continu, constaté, prévu ou déduit du nombre d'individus matures (2), une structure de population avec aucune sous-population ne contenant plus de 1 000 individus matures (a(i)).
Rappel du nombre de pandas sauvages comptabilisés lors des 4 recensements
menés respectivement entre 1974-1977, 1985-1988, 1999-2003 et 2011-2014
Pour en savoir plus :
ACCEDEZ A LA FICHE EN ANGLAIS ET TRADUITE EN FRANCAIS (PDF)
Pour en savoir plus :
> Le site internet de la liste rouge des espèces menacées (en anglais)