Accès rapide aux chapitres de la page :
Coloration : pourquoi les pandas sont-ils noir et blanc ?
NOM COMMUN : Grand panda ou panda géant
NOM SCIENTIFIQUE (NOM LATIN) : Ailuropoda melanoleuca
NOM CHINOIS :
RÈGNE : Animal
EMBRANCHEMENT : Chordés
SOUS-EMBRANCHEMENT : Vertébrés
CLASSE : Mammifères
SOUS-CLASSE : Thériens
INFRACLASSE : Euthériens
ORDRE : Carnivores
FAMILLE : Ursidés
SOUS-FAMILLE : Ailuropodinés
IDENTIFICATION : Coloration caractéristique. Ours noir et blanc très particulier.
TAILLE : De 1,20 m à 1,50 m (tête et corps), 12 à 13 cm (queue)
POIDS : De 75 à 160 kg pour le mâle, de 10% à 20% au dessous pour la femelle. Le bébé ne pèse que 100 à 200 grammes.
RÉPARTITION : Chine (6 massifs dans 3 provinces) :
Localisation de l'habitat du panda, à l'échelle de la Chine
Pour en savoir plus : Répartition et habitat du panda géant
EFFECTIFS :
Rappel du nombre de pandas sauvages comptabilisés lors des 4 recensements
menés respectivement entre 1974-1977, 1985-1988, 1999-2003 et 2011-2014
1 864 pandas sauvages ont été dénombrés lors du 4ème recensement national des pandas géants et de leur habitat, contre 1 596 pandas sauvages il y a 10 ans lors du 3ème recensement. 268 pandas supplémentaires ont été dénombrés, soit une hausse de 16,79 % comparé au 3ème recensement.
Ci-dessous le détail provinces par provinces :
PROVINCES | 4ème RECENSEMENT | 3ème RECENSEMENT | ||
Effectifs | Proportion | Effectifs | Proportion | |
Shaanxi | 345 | 18,51% | 273 | 17,11% |
Gansu | 132 | 7,08% | 117 | 7,33% |
Sichuan | 1 387 | 74,41% | 1 206 | 75,56% |
TOTAL | 1 864 | 100,00% | 1 596 | 100,00% |
Par rapport aux données du recensement précédent : La province du Shaanxi compte 72 pandas supplémentaires, soit une hausse des effectifs de 26,37% ; celle du Gansu compte 15 pandas supplémentaires, soit une hausse de 12,82% ; et la province du Sichuan compte 181 pandas supplémentaires, soit une hausse de 15,01%.
Ci-dessous le détail monts par monts :
MONTS | 4ème RECENSEMENT | 3ème RECENSEMENT | ||
Effectifs | Proportion | Effectifs | Proportion | |
Qinling | 347 | 18,62% | 275 | 17,23% |
Minshan | 797 | 42,76% | 708 | 44,36% |
Qionglai | 528 | 28,33% | 437 | 27,38% |
Daxiangling | 38 | 2,04% | 29 | 1,82% |
Xiaoxiangling | 30 | 1,61% | 32 | 2,01% |
Liangshan | 124 | 6,65% | 115 | 7,21% |
TOTAL | 1 864 | 100,00% | 1 596 | 100,00% |
Comparé aux données du recensement précédent : Les monts Qinling comptent 72 pandas supplémentaires, soit une hausse des effectifs de 26,18% ; les monts Minshan comptent 89 pandas supplémentaires, soit une hausse de 12,57% ; les monts Qionglai comptent 91 pandas supplémentaires, soit une hausse de 20,82% ; les monts Daxiangling comptent 9 pandas supplémentaires, soit une hausse de 31,03% ; les monts Xiaoxiangling comptent 2 pandas en moins, soit une baisse de 6,25% ; et enfin les monts Liangshan comptent 9 pandas supplémentaires, soit une hausse de 7,83%.
Les 1 864 pandas sauvages sont fragmentés en 33 sous-populations quasi-isolées les unes des autres. 22 de ces 33 sous-populations comportent moins de 30 individus chacune, la plupart d'entre-elles se situent dans la partie nord-ouest des monts Minshan. Ces 33 sous-populations se répartissent ainsi : 6 sous-populations dans les monts Qinling, 12 dans les monts Minshan, 5 dans les monts Qionglai, 3 dans les monts Daxiangling, 2 dans les monts Xiaoxiangling et 5 dans les monts Liangshan.
La densité de pandas lors du 4ème recensement est de 0,0723 panda / km², contre 0,0692 panda / km² lors du recensement précédent. La densité de pandas a augmenté dans les monts Qinling, Minshan et Qionglai mais a diminué dans les monts Daxiangling, Xiaoxiangling et Liangshan. La densité de pandas a augmenté dans les 3 provinces mais elle est plus importante dans la province du Shaanxi, et est presque stable dans celle du Sichuan. En moyenne, la densité de pandas a augmenté de 0,0031 panda / km².
D'un point de vue administratif, les 1 864 pandas se répartissent sur 196 municipalités (villes / villages), rattachés à 49 comtés et 17 villes-préfectures. Contre 194 municipalités, 45 comtés et 16 villes-préfectures pour le 3ème recensement.
HABITAT :
L'habitat (confirmé) du panda a progressé de 11,78% entre le 3ème et le 4ème recensement. Il passe d'une superficie de 2 304 991 hectares à 2 576 595 hectares. La province du Sichuan est celle qui bénéficie de la plus forte augmentation (+14,25%), suivi par la province du Shaanxi (+3,66%) et celle du Gansu (+3,30%). Ce sont les monts Daxiangling et Xiaoxiangling qui connaissent la plus forte progression (+51,64% et +48,83% respectivement), suivis par les monts Liangshan (+37,18%), les monts Qionglai (+12,89%), les monts Qinling (+5,38%) et enfin les monts Minshan (+1,15%). Ci-dessous le détail provinces par provinces et monts par monts :
PROVINCES | 4ème RECENSEMENT | 3ème RECENSEMENT | ||
Habitat en hectares | Proportion | Habitat en hectares | Proportion | |
Shaanxi | 360 587 | 13,99% | 347 864 | 15,09% |
Gansu | 188 764 | 7,33% | 182 735 | 7,93% |
Sichuan | 2 027 244 | 78,68% | 1 774 392 | 76,98% |
TOTAL | 2 576 595 | 100,00% | 2 304 991 | 100,00% |
MONTS | 4ème RECENSEMENT | 3ème RECENSEMENT | ||
Habitat en hectares | Proportion | Habitat en hectares | Proportion | |
Qinling | 371 915 | 14,43% | 352 914 | 15,31% |
Minshan | 971 319 | 37,70% | 960 313 | 41,66% |
Qionglai | 688 759 | 26,73% | 610 122 | 26,47% |
Daxiangling | 122 869 | 4,77% | 81 026 | 3,52% |
Xiaoxiangling | 119 364 | 4,63% | 80 204 | 3,48% |
Liangshan | 302 369 | 11,74% | 220 412 | 9,56% |
TOTAL | 2 576 595 | 100,00% | 2 304 991 | 100,00% |
Aux 2 576 595 hectares d'habitat confirmé, il convient d'ajouter environ 910 000 hectares d'habitat potentiel (détail de ce chiffre non communiqué à ce jour).
Seulement un peu plus de la moitié (55,6%) de l'habitat du panda est de bonne qualité ; 16,8% est de qualité moyenne et 27,6% de faible qualité. Ce sont les monts Qionglai qui possèdent la plus forte proportion d'habitats de bonne qualité (74,5% de l'habitat total dans les monts Qionglai) ; les monts Xiaoxiangling possèdent la plus faible (seul 29,9% de l'habitat dans ces monts est de bonne qualité).
Pour mémoire, les résultats détaillés du 3ème recensement :
Pour en savoir plus :
> 10 Juin 2004 : La Chine compte plus de 1750 pandas
> Répartition et habitat du panda géant
HABITAT : Montagnes boisées avec sous-bois de bambou
RÉGIME ALIMENTAIRE : Herbivore, ne mange pratiquement que des bambous
STRUCTURE SOCIALE : Individus territoriaux, solitaires
MATURITÉ SEXUELLE : 5-7 ans
SAISON DE REPRODUCTION : Accouplements de mi-mars à mi-mai
DURÉE DE GESTATION : De 97 à 163 jours; délai d'implantation de 1,5 à 4 mois
NOMBRE DE JEUNES PAR PORTÉE : De 1 à 3, habituellement un seul survit dans le milieu naturel
LONGÉVITÉ : De 15 à 20 ans dans le milieu naturel ; de 20 à 30 ans en captivité
STATUT (PROTECTION) : Intégralement protégé - ANNEXE 1 de la CITES et classé dans la "IUCN - Red List des espèces menacées"
REMARQUES : Emblème du Fonds Mondial pour la Nature (WWF)
Pour en savoir plus :
> Liste des réserves naturelles pour la protection du panda (PDF)
L'habitat des pandas s'est, dans les cent dernières années, restreint à six massifs montagneux (Qinling, Minshan, Qionglai, Daxiangling, Xiaoxiangling, Liangshan) isolés situés dans les provinces du Sichuan, du Gansu et du Shaanxi, en Chine.
Rappelons qu'une séparation de populations d'une même espèce par des conditions naturelles tels des glaciers, des déserts ou des océans pendant une longue période peut entraîner une adaptation particulière ou un isolement génétique. Ainsi, si les populations séparées d'une même espèce montrent des différentiations significatives d'adaptation aux différents habitats (niches écologiques) ou des différentiations génétiques significatives, alors ces populations peuvent potentiellement conduire à une sous-espèce.
Parallèlement, les activités humaines ou l'introduction d'espèces exotiques peuvent conduire à une fragmentation des populations. Il est alors difficile de discerner pour les généticiens et les écologistes les isolements dus aux facteurs historiques naturels de ceux dus à une activité humaine récente.
En 2005, des analyses scientifiques de la morphologie du crâne et des dents (16 critères morphologiques ont été comparés en tout) ainsi que des comparaisons de couleur du pelage ont permis la description d'une sous-espèce de panda. Cette sous-espèce correspond à la population de pandas géants des Monts Qinling, dans la province du Shaanxi.
Cette étude, basée principalement sur deux critères, la taille du crâne et celle des molaires, sépare en deux groupes distincts la population de pandas de Qinling et les cinq autres populations de pandas du Sichuan.
Les pandas des Monts Qinling présentent des crânes significativement plus petits et des molaires plus larges que ceux du Sichuan.
Ajouté à cela, la comparaison de la coloration du pelage montre que les individus du Sichuan ont des tâches noires et un pelage ventral blanc tandis que les pandas de Qinling ont des tâches brun foncé et un pelage ventral brun.
Les résultats de l'étude montrent donc que la nouvelle sous-espèce de Qinling a un crâne plus petit, des molaires plus larges, des tâches brun-foncées et un pelage ventral brun.
Les scientifiques estiment que la population de pandas des Monts Qinling s'est séparée des cinq autres populations il y a approximativement 10 000 ans.
La nouvelle sous-espèce décrite, celle correspondante à la population de Qinling, est nommée Ailuropoda melanoleuca qinlingensis. L'autre sous-espèce, celle correspondante aux populations du Sichuan, est nommée Ailuropoda melanoleuca melanoleuca.
Différences de couleurs entre les pandas de la population de Qinling (sous-espèce Ailuropoda melanoleuca qinlingensis) et ceux des autres populations (Ailuropoda melanoleuca melanoleuca) :
A, B, C : populations du Sichuan
D, E, F : population de Qinling
A et D : poitrine
B et E : couleur du ventre la plus répandue
C et F : couleur du ventre moins répandue
Coloration : pourquoi les pandas sont-ils noir et blanc ?
La particularité du panda est naturellement la coloration de son pelage. Jusqu'en 2017, plusieurs théories étaient invoquées : les marques noires et blanches lui permettraient un camouflage au milieu des neiges et des ombres de son habitat naturel, mais plus vraisemblablement, elles constitueraient un avertissement pour les éventuels prédateurs. Malgré l’apparente douceur de l’animal, ses mâchoires adaptées à broyer le coriace bambou peuvent infliger de terribles morsures à ses ennemis. Sa démarche lente et maladroite donnait à penser que le panda a développé sa coloration comme un signal d’avertissement, à l’image de la moufette (le putois d’Amérique).
En 2017, une équipe de chercheurs américains, conduite par le Professeur Tim Caro, a essayé d'apporter des réponses à une question que le public se pose souvent en observant des pandas géants : pourquoi sont-ils noir et blanc et quelles peuvent être les fonctions de ces tâches noires si caractéristiques sur un corps blanc ? Tim Caro avait déjà conduit une étude dans le passé pour expliquer les rayures des zèbres (repousser les mouches piquantes).
Quatre hypothèses étaient émises jusqu'alors par la communauté scientifique : 1- les marques noires et blanches lui permettraient un camouflage au milieu des neiges et des ombres de son habitat naturel, 2- elles constitueraient un avertissement pour les éventuels prédateurs, 3- la couleur noire permettrait de retenir la chaleur dans un environnement froid, et 4- les marques noires de la face joueraient un rôle dans la communication avec les semblables.
Dans l'étude de 2017 publiée dans la revue scientifique Behavioral ecology, pour tenter de répondre à cette question, les scientifiques ont adopté une approche comparative en prenant pour postulat que les facteurs évolutifs ayant conduit à la coloration du pelage du panda géant pourraient être similaires à ceux ayant conduit aux couleurs des ours et d'autres carnivores ; autrement dit que des pressions sélectives similaires induites soit par des paramètres sociaux soit par des paramètres environnementaux auraient conduit à des couleurs ou marques similaires entre espèces.
Ils ont donc examiné les associations entre différentes régions du pelage et des variables socio-écologiques comparativement chez 195 espèces de carnivores terrestres et 39 espèces et sous-espèces d'ours, pour en déduire quels sont les facteurs sociaux et/ou environnementaux qui auraient conduit à cette bi-coloration caractéristique du panda géant.
Ce travail d'approche comparative a été mené en dissociant les tâches les unes des autres pour ainsi déterminer la fonction de chacune d'entre elles.
Les auteurs en concluent que les marques distinctives noires et blanches du panda géant remplissent deux fonctions : une fonction de camouflage et une fonction de communication.
Dans le détail, les marques blanches du corps (dos, flanc, ventre, croupe) et de la tête (face et nuque) remplissent une fonction de camouflage avec un environnement hivernal souvent enneigé ; tandis que la fonction des marques noires diffère selon leur localisation. Ainsi les marques noires du corps (épaules et pattes) servent à assurer un camouflage avec les ombres de l'environnement tandis que celles de la tête (contour des yeux et oreilles noires) servent pour la communication. Plus précisément, les auteurs émettent l'hypothèse que les oreilles noires exprimeraient de la férocité et faciliteraient l'éloignement des éventuels prédateurs et que les tâches autour des yeux permettraient une identification individuelle intraspécifique ou de signaler une intention agressive à un compétiteur (qu'il soit un autre panda ou un éventuel prédateur). Ainsi, chaque panda aurait des tâches autour des yeux uniques qui serviraient à un individu pour reconnaître un congénère.
Les auteurs ont testé d'autres hypothèses que l'étude a finalement écarté. Ainsi, l'approche comparative a permis d'exclure une potentielle fonction de régulation de la température, une potentielle fonction de mimétisme avec confusion totale du corps avec son environnement (tels certains papillons ou oiseaux), ou encore une potentielle fonction de réduction de l'éblouissement des yeux (pour les tâches noires autour des yeux).
Rappelons que le panda se nourrit quasi-exclusivement de bambous et qu'il doit en consommer toute l'année pour subvenir à ses dépenses énergétiques. Cette plante ne lui fournit pas assez d'énergie pour accumuler des réserves énergétiques pour hiberner, ainsi dans ce contexte de non-hibernation, le panda géant est exposé à des environnements d'ombres et de lumière en fonction des saisons et des éclairages. Les tâches noires et blanches seraient donc une sorte de compromis pour se confondre dans des paysages soit hivernaux, soit printaniers ou estivaux à défaut d'hiberner et à défaut de changer de pelage pour faire face à ces différents paysages.
Ces trouvailles soulèvent cependant d'autres questions :
- pourquoi le processus évolutif (sélection naturelle) aurait sélectionné une fonction de camouflage alors que l'on sait que le panda géant n'a presque aucun prédateur sauf l'homme ? Certes, la panthère des neiges peut être une menace pour le bébé panda lorsqu'il est laissé seul temporairement par sa mère, mais la communauté scientifique s'accorde généralement pour dire que le panda géant n'est pas menacé par la prédation naturelle.
- pourquoi le processus évolutif (sélection naturelle) aurait sélectionné une fonction d'identification visuelle d'un individu via la forme des tâches noires alors que la communication visuelle est très restreinte chez une espèce solitaire comme le panda géant ? et dont on sait qu'il communique avec ses congénères principalement via des signaux chimiques (= olfactifs) et vocaux. Les études sur ces sujets ont montré que les pandas géants se croisaient rarement dans le milieu naturel et qu'au contraire les signaux chimiques qu'ils utilisent pour marquer leur territoire visent justement entre autres à éviter ces rencontres. Les seules interactions sont celles entre une mère et son jeune et celles durant la saison des amours, où plusieurs mâles vont pouvoir rivaliser pour la conquête d'une femelle. Il a été démontré que la femelle sélectionnait généralement le mâle le plus expérimenté, qui est souvent le plus fort également, pour s'accoupler ; cette sélection s'opérant sur une discrimination sophistiquée des marques odorantes et des signaux vocaux. D'ailleurs, il n'a jamais été démontré qu'une même femelle cherchait à s'accoupler avec le même partenaire d'une année sur l'autre donc sur ce point également, une reconnaissance d'un individu par un autre via la forme des tâches autour des yeux ne trouve a priori pas de sens car à quoi cela servirait-il ?
Comme précédemment indiqué, les fonctions des tâches ont été déterminées en les dissociant les unes des autres. Mais la fonction résultante du pelage dans sa globalité est-elle la somme des fonctions de chacune des tâches ou bien une fonction globalisée ?
Comme le soulignent justement les auteurs, l'étude présente enfin deux limites de taille. La première est l'approche utilisée : l'impossibilité d'étudier ce sujet in situ a conduit les auteurs à adopter une approche comparative si bien qu'ils ne peuvent affirmer avec certitude que la fonction présumée d'une tâche est effectivement celle avancée car la sélection naturelle de cette tâche chez le panda géant s'est peut-être opérée de façon différente que la sélection naturelle ayant conduit au même type de tâche et/ou fonction chez les autres carnivores objets de la comparaison. La seconde est que ce type d'analyse comparative se fonde sur une perception humaine (trichromatique) des photos utilisées pour la comparaison et non sur la façon dont les carnivores perçoivent ces images avec une vision dichromatique.
Il serait ainsi intéressant de savoir à quelle distance les pandas géants peuvent-ils percevoir les tâches d'un conspécifique et comment ils les perçoivent car il a été démontré que le diamètre de leurs yeux est petit et qu'ils ne distinguent pas facilement les couleurs.
Une légende tibétaine rend compte à sa manière de l'origine des marques qui caractérisent les grands pandas. Il fut un temps où ils étaient entièrement blancs. Mais un jour, alors qu'une mère panda et son petit jouaient avec une bergère qui gardait son troupeau, un léopard attaqua le petit. La bergère lui sauva la vie, mais trouva la mort en le défendant. Émus par son courage, les pandas décidèrent, pour son enterrement, de se conformer aux rites locaux qui voulaient que les participants se couvrent les bras de cendre. Comme ils essuyaient leurs larmes avec leurs pattes et se bouchaient les oreilles pour ne pas entendre les sanglots des trois sœurs de la défunte, la cendre leur noircit la peau.
Le pelage du panda est court et fourni. Ses poils varient entre 3 et 10 cm selon la région du corps. Le pelage court et épais du panda lui apporte une superbe isolation pour affronter l'humidité et le froid hivernal des montagnes qu'il habite.
Vue en gros plan de la fourrure du panda géant - © CCRCGP
Pour en savoir plus :
> Pourquoi les pandas géants sont-ils noir et blanc ? (9 mars 2017)
> Répartition et habitat des pandas géants sauvages
> La communication chez cette espèce solitaire
> L'étude complète publiée dans la revue Behavioral ecology (en anglais)
> Emission radio La tête au carré sur France Inter : j'ai participé à l'édition du 7 mars 2017 de l'émission radio La tête au carré présentée par Mathieu Vidard. La chronique introductive « La Une de la Science » d'Axel Villard était consacrée à ce sujet.
Pendant des années, la communauté scientifique dans son ensemble accepta le panda géant comme un « raton laveur aberrant ». Après tout, il y a des millions d’années, il avait évolué, avec le petit panda ou panda doré, à partir d’un ancêtre carnivore commun ; or l’ancêtre du petit panda était solidement classé dans la famille des ratons laveurs. On les avait groupé dans la même famille en raison des grandes affinités du squelette, de la dentition, des organes génitaux et du pelage. Milne-Edwards avait avancé que l’apparence du panda géant ne représentait qu’une trace d’un ancêtre commun à l’ours et au raton laveur. Certains zoologistes considéraient que son comportement et sa biologie faisaient du grand panda un membre de la famille des ratons laveurs ; d’autres suggéraient un classement différent.
En 1964, D. Dwight Davis, conservateur du département Mammifères au Field Muséum d’histoire naturelle de Chicago, publia une monographie classique démontrant que le panda était un ours modifié, qui avait acquis des caractères hautement spécialisés. Son analyse se fondait sur une étude comparative détaillée des systèmes organiques. Les différences entre ours et pandas observées par Davis résidaient principalement dans la taille, supérieure chez le panda, et dans la puissance de la dentition et des muscles faciaux adaptés pour broyer les pousses fibreuses de bambous, qui forment la nourriture essentielle de l’animal à l’état sauvage. A leur tour, les épaules et les membres antérieurs se sont modifiés, donnant au panda cet aspect lourdaud et cette allure « à l’amble » caractéristique. L’animal ne se déplaçait pas bien et sans doute n’y était-il pas contraint, car durant la plus grande partie de son histoire, il vécut dans un environnement sans prédateur, si bien qu’il ne cherchait jamais à y échapper. Selon ses conclusions, les affinités entre le grand et le petit panda résultaient davantage d’une évolution vers des fonctions semblables que d’une ascendance commune ; en revanche, sur le plan généalogique, ils n’étaient pas des proches parents. Selon Davis, quelques alternances génétiques mineures auraient donné naissance à un panda au lieu d’un ours, et les similitudes biologiques l’emporteraient de loin sur les différences.
Malgré l’étude apparemment définitive de Davis, il fallut attendre plus de 20 ans pour que les scientifiques démontrent de façon convaincante ou acceptent cette théorie. Au milieu des années 1980, une équipe de généticiens conduite par Stephen J.O'Brien, coprésident du comité international de la « Comparative Gene Mapping » (« carte comparative des gènes »), procède à une série d’expérience sur le grand panda et l’ours. Ils utilisèrent les mêmes techniques qui avaient servi à déterminer les liens de parenté avec un petit de Ling Ling né à Washington. Leur critère se fondait sur une comparaison du nombre et de la forme des chromosomes et sur la capacité des systèmes immunitaires de ces animaux à accepter ou à rejeter des tissus étrangers.
Le fait que les ours possèdent 74 chromosomes et les grands pandas seulement 42 semblait contredire une étroite parenté, mais les chercheurs découvrirent que les chromosomes plus courts de l’ours avaient fusionné pour former les chromosomes moins nombreux et plus longs du panda géant. En attendant, les chromosomes de seulement deux petits pandas révélèrent avoir des contre-parties soit chez l’ours soit chez le grand panda, tandis qu’il y en avait 14 présentant une structure commune avec les ratons laveurs. On découvrit également que les familles de l’ours et du raton laveur se séparèrent sur l’arbre de l’évolution; il y a plus de 40 millions d’années, tandis que les pandas géants se différencièrent des ours il y a seulement 22 à 25 millions d’années.
Aujourd'hui, il est confirmé et admis que le panda appartient à la famille des ours. Cette position rejoint la majorité des études sur le sujet. En effet, Olaf R. P. Bininda-Emonds a publié en 2004 dans l'ouvrage « Giant pandas : Biology and Conservation » une étude bibliographique qui montre que deux tiers des 90 études qui ont pour sujet la classification d'Ailuropoda placent le panda géant avec les ours.
Pour en savoir plus :
> Ancêtres et histoire du panda géant
> Alimentation et adaptations morphologiques
> Le panda roux, un cousin du panda : fiche d'identité
> Le panda roux, un carnivore végétarien
Cet arbre phylogénétique montre que le panda s'est séparé des autres ours il y a environ 22 millions d'années.
Les ours se sont quant à eux séparés des ratons laveurs il y a plus de 40 millions d'années.