Le Père Armand David, celui qui a ramené l’existence du panda géant au monde occidental
Jean-Pierre Armand David est né le 7 septembre 1826 à Espelette, dans le Pays basque français (Sud-Ouest). Le père d’Armand, Dominique, médecin et Maire d’Espelette, s’intéressait à l’histoire naturelle et ne manquait pas de transmettre à ses cinq enfants le plaisir de la découverte du règne animal et végétal qui les entouraient.
Après deux années passées au Grand Séminaire de Bayonne, Armand se rend à Paris en 1848 pour faire son noviciat à la Société des prêtres de la Mission. Cette congrégation créée par Saint Vincent de Paul en 1625, envoie ses prêtres - populairement appelés « Lazaristes » - en mission d'évangélisation dans des régions déchristianisées ou en pays non-chrétiens. La discipline y est sévère et demande une stricte obéissance. Lorsqu’il prononce ses vœux en novembre 1850, il rêve de missions dans des pays lointains mais c’est finalement en Italie, au collège lazariste de Savone près de Gênes qu’il est envoyé pour y enseigner les sciences naturelles.
Il y passe dix agréables années qu'il met à profit pour parfaire ses connaissances dans les sciences de la nature. Avec ses élèves, il constitue des collections scientifiques et apprend les techniques de la taxidermie.
En 1861, le zoologiste Henri Milne-Edwards, administrateur du Muséum d’Histoire Naturelle de Paris, sollicite auprès de Monsieur Etienne, Supérieur Général des Lazaristes, l’aide de ses missionnaires pour la recherche scientifique française. L’année précédente, l’expédition franco-anglaise de 1859 avait ouvert Pékin aux Européens et s’était terminée par le traité de Tien-Tsin qui stipulait pour les missionnaires le droit d'évangéliser et le Gouvernement avait demandé aux ordres qui se trouvaient en Chine d’y ouvrir au plus tôt des écoles françaises.
« C’est seulement hier que j’ai eu la bonne lettre de Mr [illisible], dans laquelle ce bien-aimé Confrère m’écrit que vous avez la bonté de me proposer de faire partie de la colonie de Missionnaires qui va partir pour fonder un collège à Pékin. J’accepte de tout cœur cette invitation pour une destination qui a été si longtemps le rêve de ma jeunesse ; moi aussi je crois voir une disposition de la divine Providence dans tout ce qui arrive ici pour m’aider à suivre ma première vocation. Ainsi donc, Très-honoré Père, daignez donc me donner un petit avis pour savoir quand et où je dois venir, et en attendant je tâcherai d’arranger ici les choses pour qu’elles ne souffrent pas de mon départ. J’ai le bonheur d’être, Très-honoré Père, votre très reconnaissant et obéissant serviteur. Armand David. 16 octobre 1861. »
C’est ainsi que David marque son approbation pour une mission en Chine. Le départ pour la Chine eut lieu le 20 février 1862, à Toulon sur le Descartes. Après un voyage laborieux de cinq mois environ en contournant l’Afrique par le Sud (l'isthme de Suez n'était pas encore ouvert), David rejoint la Chine par bateau.
« Tout en étudiant la langue du pays et en collaborant au ministère sacerdotal, je me mis à explorer les alentours de la capitale sous le rapport de mes études de prédilection, soit pour préparer les matériaux d'un cabinet d'histoire naturelle qui pourrait avoir son utilité dans un futur collège, soit pour envoyer des rapports et des collections à notre muséum national du Jardin des Plantes selon ma promesse. » écrit David.
De 1862 à 1866, il va ainsi mener ses premières explorations dans les environs de Pékin. En 1863, il explore les montagnes à l'ouest de Pékin et l'année suivante celles situées au nord-est.
Le 26 septembre 1864, Henri Milne Edwards dresse un rapport très élogieux du missionnaire David : « Nous avons trouvé dans le Père Armand David un correspondant non moins actif qu'éclairé. Il a fait au Musée plusieurs envois considérables et l'intérêt des objets qu'il nous adresse est rehaussé par les notes dont il les accompagne. » « J'appelle l'attention de l'administration sur les services rendus au Muséum par ce savant missionnaire et je propose à l'assemblée de lui voter des remerciements. »
C’est en 1965 et 1966 qu’il va découvrir puis acquérir celui qui deviendra plus tard le cerf du Père David (Elaphurus davidianus), alors une espèce nouvelle pour l’Occident. Il écrira que « les chinois donnent à cet animal le nom de Mi-lou et plus souvent celui de Seu-pou-siang, qui signifie les quatre (caractères) qui ne se conviennent pas ; parce qu'ils trouvent que ce renne tient du cerf par les bois, de la vache par les pieds, du chameau par le cou et du mulet par la queue. »
Frappé par la qualité des envois de David, le Muséum d’Histoire Naturelle de Paris fit des démarches auprès du Supérieur Général des Lazaristes pour qu’il autorise le père David à faire pendant plusieurs années des explorations dans les régions les moins connues de l’Empire avec un financement public du Ministère de l’instruction publique.
Encouragé par ces premiers succès, le père David va mener de 1866 à 1874 trois grandes expéditions naturalistes dans les profondeurs de la Chine.
Du 12 mars au 26 octobre 1866, David va effectuer un voyage de sept mois et demi en Mongolie méridionale. En mars 1866, il part de Pékin avec tout son équipement de collecteur naturaliste porté par cinq mulets, en vue d'explorer les régions mongoles qui se trouvent au-delà de la Grande Muraille, au nord de la grande boucle du Fleuve Jaune (Huanghe), une région encore très mal connue des Européens. Le père David trouva le bilan global de ce voyage assez décevant, il écrira un an plus tard : « Vous savez peut-être que j'ai passé huit mois de l'année dernière dans l'Ourato. J'y ai dépensé beaucoup d'argent, perdu mon temps et mes peines, car le pays est très pauvre, bien qu'on m'eût dit le contraire à Pékin. »
David, rentré à Pékin le 26 octobre 1866, s'occupa jusqu'en mai 1868 à son collège projeté et surtout à son cabinet d'histoire naturelle.
Mais M. David rêvait d’une autre expédition, plus longue que la première ; il voulait explorer le Tibet. Le seul moyen de s'y rendre était de remonter le Yang-tsé-kiang ou fleuve Bleu. Cette exploration de la Chine centrale et du Tibet oriental (Sichuan) va durer 25 mois, du 26 mai 1868 au 24 juin 1870. Elle poussa le père David jusqu'à une région habitée par des ethnies non Han mais cette fois avec une flore et une faune beaucoup plus riche. Il avait appris auprès d’autres missionnaires que vers l’ouest et le Tibet, se trouvaient de hautes montagnes couvertes de forêts primaires préservées.
Le 17 décembre 1868, il finit par atteindre Chongqing. Il quitta Chengdu le 21 février 1869 et arriva le 28 février 1869 dans la principauté de Moupin, à environ 250 km à l’Ouest de Chengdu, en chaise à porteurs. Une cinquantaine d’élèves chinois étudient dans le collège des Missions Étrangères de Moupin sous la direction de M. Dugrité, Supérieur du collège de l’Annonciation. Le collège et la mission appartiennent au vicariat apostolique du Setchouan occidental (aujourd’hui Sichuan occidental) qui a pour Pasteur Monseigneur Pinchon. Monsieur Dugrité accueillit David et l’installa dans une petite chambre de la mission.
A noter que Pinchon, qui avait fait le prêche à Moupin pendant des années, avait indiqué à David avant son départ de Chengdu qu’il y aurait une espèce d’ours blanc dans les montagnes autour de la Mission. Pinchon aurait pu être le découvreur du panda avant David si seulement il avait voulu en savoir davantage sur cette espèce nouvelle.
David va séjourner à Moupin du 1er mars au 21 novembre 1869, 9 mois durant lesquels il fera de cette principauté sa base pour explorer les alentours.
Il écrira dans ses récits : « 1er mars 1869 - Lundi, première journée de Moupin. Très-beau temps. Comme je l'ai déjà noté, ce collège de Moupin fut fondé, il y a cinquante ou soixante ans, quand la persécution qui sévissait en Chine obligea les missionnaires à chercher un lieu plus sûr dans les Etats d'un prince Mantze. Alors ces vallées étaient encore entièrement boisées ; et il n'y avait au pays que des indigènes [...]. Peu à peu, cette vallée a pris une apparence chinoise. [...] La principauté de Moupin est l'un de ces nombreux petits Etats barbares dans lesquels se partage toute cette grande région comprise entre la Chine, le Thibet et la Mongolie. Elle est toute hérissée de raides montagnes qui sont encore assez boisées. En s'avançant à l'ouest, le pays s'élève encore, mais les bois diminuent. [...] La montagne la plus haute de Moupin est le Hong-chan-tin : on l'aperçoit de notre collège, qui lui-même se trouve au-dessus de deux mille mètres d'altitude. Autrefois, me dit-on, la forêt avançait jusqu'à deux pas de cette maison qui est assez grande, mais irrégulière, bâtie presque entièrement en bois, et n'ayant que le rez-de-chaussée. Mais, les besoins de l'agriculture ont rapidement diminué les bois ; et aujourd'hui il faut aller assez loin pour les rencontrer. Aussitôt après m'être casé dans la petite et commode chambrette que M. Dugrité a mise à ma disposition, je me hâte d'aller reconnaître les alentours de ma nouvelle demeure où je compte séjourner toute une saison. »
C’est durant son séjour que David va découvrir l’existence d’un ours noir et blanc, celui qui sera dénommé plus tard le panda géant.
Le 11 mars 1869, David raconte qu'il a mis à profit une journée ensoleillée pour partir en excursion et chasser plusieurs animaux pour enrichir sa collection et qu'il achève son expédition par un repos chez Li, le principal propriétaire de la vallée de Hong-chan-tin. « En revenant de notre excursion, nous sommes invités à nous reposer chez un certain Li, le principal propriétaire de cette vallée, qui me régale de thé et de sucreries. Je vois chez ce païen une peau plate du fameux ours blanc et noir, qui me paraît assez grande : c'est une espèce très-remarquable, et je me réjouis en entendant dire à mes chasseurs que j’obtiendrai certainement cet animal dans un court délai ; dès demain, me dit-on, les chasseurs vont se mettre en campagne pour tuer ce carnassier qui paraît devoir constituer une nouveauté intéressante pour la science ».
Le 14 mars 1869, David note que ses chasseurs « n'ont pas pris l'ours blanc ».
Le 23 mars 1869, les chasseurs de David rentrent après dix jours d'absence en lui rapportant « un jeune ours blanc qu'ils ont pris vivant et qu'ils ont malheureusement tué pour le porter plus facilement. » David écrit : « Le jeune ours blanc, qu'ils me vendent fort cher, est tout blanc, à l'exception des quatre membres, des oreilles et du tour des yeux, qui sont d'un noir profond. Ces couleurs sont les mêmes que celles de la peau adulte que j'ai examinée l'autre jour chez le chasseur Li. Il s'agit donc ici d'une espèce nouvelle d'urside qui est très remarquable non seulement par sa couleur, mais encore par ses pattes velues en dessous et par d'autres caractères. »
Le 31 mars 1869, David précise dans les notes de cette journée-là : « On m’annonce la capture d’un grand ours blanc et noir, faite par les chasseurs Yang. »
Le lendemain, le 1er avril, il ajoute : « On me porte l’ours blanc, qu’on me dit être très-adulte ; ses couleurs sont absolument semblables à celles du petit que j’ai déjà ; seulement le noir est moins net et le blanc plus sale. La tête de l’animal est très-grande, le museau rond et court, au lieu d’être pointu comme dans l’ours de Pékin. »
Le 15 avril 1869, un autre spécimen arrive. « Mes chasseurs me portent de leur côté un gros ours noir et blanc, mâle adulte. On m’apprend que cet ours, de même que le dernier, n’a point été tué par les chasseurs Li et Han, qui me les ont vendus, mais par la famille Yang. On me dit que cette espèce est plus facile à prendre que l’Ursus tibetanus et qu’elle se nourrit de végétaux, mais qu’elle est très-peu nombreuse dans les plus hautes montagnes boisées. »
L'Abbé Armand David adresse en avril 1869 une correspondance au zoologiste du Muséum Milne Edwards dans laquelle il lui demande « de publier de suite la description sommaire d'un ours qui [lui] paraît devoir être nouveau pour la science », et qu'il va nommer Ursus melanoleucus (ours noir et blanc). La description jointe est la suivante :
Nouvelles archives du Muséum d'histoire naturelle de Paris, Bulletin 5, 1869
Ce sera la première description du panda géant. Milne Edwards publiera une seconde description détaillée du panda géant en 1870 sur la base des spécimens arrivés de Chine. Il écrira alors que « par sa forme extérieure, il ressemble en effet beaucoup à un ours, mais les caractères ostéologiques et le système dentaire l'en distinguent nettement et le rapprochent des pandas [roux] et des ratons. Il doit constituer un genre nouveau que j'ai appelé Ailuropoda. » Ainsi, le Professeur Alphonse Milne-Edwards conclut à sa parenté avec le raton laveur, le reclassa et le rebaptisa Ailuropoda melanoleuca (« panda noir et blanc »). A partir de ce jour se déchaîna une controverse sur la classification du panda géant, son appartenance ou non à la famille des ours, qui a duré jusqu'à la fin du XXe siècle. Aujourd'hui, il est confirmé et admis par la sphère scientifique que le grand panda appartient bien à la famille des ours. Cette position rejoint la majorité des études sur le sujet comme le démontre en 2004 Olaf R. P. Bininda-Emonds qui publie une étude bibliographique dans l'ouvrage « Giant pandas : biology and conservation » qui montre que deux tiers des quatre-vingt-dix études qui ont pour sujet la classification d'Ailuropoda placent le panda géant avec les ours.
Première représentation de l’Ailurope, par Henri et Alphonse Milne-Edwards
Source : Recherches pour servir à l'histoire naturelle des mammifères, 1868-1874
Durant son séjour à Moupin, la passion de David pour les oiseaux trouva là de quoi se satisfaire. Cette passion d’observer la nature se double d'une passion pour la chasse. Il sollicite aussi les chasseurs de la région pour aller tirer les animaux dans les zones les moins accessibles et comme il paye un bon prix, les dépouilles sont abondantes. De cette région du Tibet oriental (actuel Sichuan), le père David a envoyé au Muséum 676 spécimens de plantes, 441 d'oiseaux, 145 de mammifères.
Le 22 novembre 1869, il quitte « le pays des Mantze, après y avoir souffert plus de fatigues, de peines, de privations et de maladies, qu’il n’est opportun de le dire ici ». De retour à Chengdu dans la résidence de Monseigneur Pinchon, il ne peut « résister à la tentation de faire une rapide excursion vers le Kokonoor, avant de laisser pour jamais ces pays ». De ce petit crochet en direction des plateaux du Qinghai (décembre 1869 - mars 1870), il rapportera encore une découverte majeure : la salamandre géante chinoise (Andrias davidianus).
Fin mars 1870, le voilà de retour à Chengdu où il séjournera environ un mois « pour mettre ordre à [ses] collections, et pour acquérir aussi plusieurs nouveautés. » Il rentre à Shanghai via le Fleuve Bleu où il arrive le 18 juin 1870.
David rentre alors en France en embarquant à bord de l’Impératrice-Eugénie, en juillet 1870. Après 45 jours de traversée, il arrive à Marseille fin août 1870. Il rejoint Paris le 20 juin 1871 et il alla rapidement au Muséum. « J'eus la satisfaction d'apprendre que ni les 80 obus prussiens qui étaient tombés au jardin des Plantes, ni le pétrole des Communeux, n'avaient fait un trop grand mal aux riches collections de notre établissement scientifique et que, en particulier, les objets provenant de mes envois étaient tous sains et saufs.»
Après avoir repris des forces, il accepta une prorogation de la mission scientifique, donnée par le ministre de l'Instruction Publique ; cette campagne devait, d'après ses plans durer trois ou quatre ans et se terminer par l’exploration des Philippines. Pendant les quelques mois qui précédèrent son départ pour la Chine, M. David vit plusieurs fois M. Thiers, Président de la République, dont il fait un grand éloge pour ce qui concerne son amour de la science.
Une fois les préparatifs du voyage terminés, il embarque en janvier 1872 et arrive à Shanghai début mars. Il mène une petite exploration dans la province du Zhejiang puis rejoint Pékin pour préparer sa grande expédition dans le centre de la Chine. Il en part le 2 octobre 1872 pour effectuer jusqu’au 5 avril 1874 un voyage à travers les monts Qinling (Shaanxi), puis vers le sud-est en traversant le Hubei, le Jiangxi, le Fujian et le Zhejiang.
Il rentre définitivement en France après cette troisième grande expédition. À son retour à Paris, le père David s'installe dans la Maison-mère rue de Sèvres. Il y passera ses dernières années à mettre au propre toutes les notes scientifiques rapportées de Chine et à donner des cours aux séminaristes. Il s'attèlera aussi à une tâche qui lui a toujours beaucoup tenu à cœur : constituer un cabinet d'histoire naturelle. C'est le troisième qu'il crée, après celui de Savone en Italie et celui de Peitang à Pékin.
En 1875, il publie chez Hachette en deux gros volumes, le « Journal de son troisième voyage d'exploration dans l'empire chinois ». Deux ans plus tard, il sort un ouvrage magistral sur l'avifaune chinoise « Les Oiseaux de Chine ».
Il s'éteint le 10 novembre 1900 à Paris.
Le Père Armand David en habits de fonctionnaire sous la Dynastie des Qing, le 2 août 1872
Source : Notes sur la culture du panda géant
Le collège des Missions étrangères de Moupin, aujourd’hui connu sous la dénomination « église de Dengchigou »
Comme mentionné précédemment, David a passé 9 mois dans l’ancienne « principauté de Moupin », du 1er mars au 21 novembre 1869. Il séjournait au collège des Missions étrangères de Moupin, sous la direction de M. Dugrité.
Ce collège est plus connu aujourd’hui sous la dénomination « église de Dengchigou » du nom de la vallée où cette église est implantée, dans le comté de Baoxing, anciennement Moupin.
Grâce à l’amabilité de Monsieur Sun Qian, que j’avais rencontré à Chengdu en juillet 2013 et auteur de l’ouvrage « Notes sur la culture du panda géant », j’ai eu l’immense privilège de visiter cette église ainsi que d’y dormir une nuit, les 30 et 31 mars 2015. Monsieur Sun m’avait réservé un accueil des plus amicaux, et s’était entouré de Monsieur Luo Weixiao, Madame Ling, de Monsieur Gao Huakang et de Madame Miaini, journaliste au « Journal du peuple » spécialement venue de Beijing. Le Père actuel de l’église, Monsieur Chen, m’a également fait l’immense plaisir de nous autoriser à dormir sur place et de partager cette soirée et nuit avec nous.
Luo Weixiao a relié l’an dernier en vélo l’église de Dengchigou à la ville d’Espelette, ville natale de David. Il a parcouru plus de 15 000 km en vélo entre le 18 mars et le 10 juillet 2014. « Le panda géant est un lien entre la Chine et la France. David venait de France et il a fait découvrir le panda géant au monde après son voyage en Chine. Moi, je fais le voyage inverse, de la Chine vers la France. Je voudrais introduire la culture du panda dans le monde entier. » expliquait Luo aux journalistes qui l’attendaient à Espelette le 10 juillet 2014.
Luo Weixiao à son arrivée à Espelette, le 10 juillet 2014. Il est accueilli par l'ancien Maire, Monsieur Darraidou,
qui a tissé des liens particuliers avec la Chine autour de David - © SudOuest
Madame Ling travaille à l’association pour promouvoir le tourisme dans la province du Sichuan.
Monsieur Gao a photographié de nombreux pandas, sauvages ou encore secourus par l’homme.
Enfin, Monsieur Zhu Bo, Maire adjoint du comté de Baoxing nous a fait l’honneur de partager le dîner avec nous.
Dîner 100% sichuanais le lundi au soir. De gauche à droite : Luo Weixiao, Jérôme Pouille, Zhu Bo, Ling, Sun Qian, Miaini, Père Chen
30 mars 2015 - © Jérôme POUILLE
Monsieur Sun m’a fait bénéficier d’une visite passionnante de l’église dont il a étudié les documents d’archive pour la rédaction de son ouvrage.
L’église catholique de Dengchigou a été construite en 1839 et elle est presque entièrement en bois. Son architecture est un mélange du style de Baoxing et du style européen. Elle se compose d’une église attenante à une cour carrée d’environ 500 m². Cette cour est fermée sur deux faces par un bâtiment de trois niveaux, sur la troisième face par l’église et quant à la quatrième face, celle vers la vallée, il s’agit simplement d’une façade en bois comprenant une large porte. Le tout constitue l’ancien collège et la surface bâtie est de 3500 m² environ. Plusieurs habitants de la vallée de Dengchigou sont d’ailleurs encore chrétiens.
Au rez-de-chaussée dans le bâtiment en face de la grande porte se trouve l’ancienne chambre de David, une antichambre où il offrait le thé à ses visiteurs, et une salle où il triait ses collections (laboratoire). La chambre de David donnait sur la montagne et de sa fenêtre il pouvait observer la multitude d’oiseaux dans les buissons autour du site. Une autre salle de l’autre côté de sa chambre était la bibliothèque aujourd’hui convertie en salle d’exposition. Au 1er étage de ce même bâtiment se trouvait et se trouve encore une dizaine de chambres ; elles servaient à l’époque à héberger les élèves venus apprendre la théologie. Le deuxième étage servait principalement d’entrepôt.
Le bâtiment à gauche de la cour carrée comportait au rez-de-chaussée une cuisine et une salle à manger et au premier étage des chambres et des salles d’entrepôt.
L’église de Dengchigou n’a pas eu à souffrir de la Révolution culturelle de 1966. En effet, dès 1958, Mao a mis en œuvre le « Grand bond en avant », une politique industrielle de production sidérurgique. L’église servira alors de site pour héberger des ouvriers qui exploitaient l’amiante.
Vues de la face avant de l'église, sous la brume ce lundi 30 mars 2015 - 30 mars 2015 - © Jérôme POUILLE
Vues de la face arrière de l'église - 31 mars 2015 - © Jérôme POUILLE
L'entrée magistrale de la partie "église", la partie la plus à gauche de la mission - 30 mars 2015 - © Jérôme POUILLE
L'intérieur de l'église, la structure (poteaux porteurs) mais aussi le toit sont en bois - 31 mars 2015 - © Jérôme POUILLE
Vues de la cour intérieur - 31 mars 2015 - © Jérôme POUILLE
Même la structure qui porte la toiture est en bois. Vue des combles - 31 mars 2015 - © Jérôme POUILLE
L'exposition dédiée à David, dont une photo du premier spécimen envoyé au Muséum de Paris - 31 mars 2015 - © Jérôme POUILLE
L'antichambre (première photo) et la chambre de David (seconde photo) - 31 mars 2015 - © Jérôme POUILLE
La salle où David triait et organisait ses acquisitions de la journée - 31 mars 2015 - © Jérôme POUILLE
Au premier étage, bâtiment de gauche. De gauche à droite : Sun Qian, Jérôme Pouille, Miaini, Père Chen - 31 mars 2015 - © Jérôme POUILLE
Echange de cadeaux. Sun Qian m'offre son livre dédicacé "Notes sur la culture du panda géant" tandis que j'offre à Luo Weixiao, Sun Qian
et au Père Chen mon livre photo "Giant pandas around the world" - 31 mars 2015 - © Jérôme POUILLE
A l'occasion du 140ème anniversaire de la découverte du panda géant par le Père David, une sculpture a été inaugurée devant l'église.
Elle représente une poignée de mains entre le panda et David - 30 mars 2015 - © Jérôme POUILLE
Gravure à l'arrière de l'église - 31 mars 2015 - © Jérôme POUILLE
Pour en savoir plus : Je suis retourné à Baoxing et à l'église de Dengchigou en mars 2024, année du 155ème anniversaire de la découverte scientifique du panda géant par David
Baoxing et les pandas géants
Le comté de Baoxing est souvent associé au panda. D'ailleurs le comté a adopté l'ours chinois comme logo. Ce comté est placé sous la juridiction de la ville-préfecture de Ya'an et se situe dans les Monts Qionglai (province du Sichuan).
Comme décrit précédemment, c'est ici que le Père Armand David a découvert le panda géant le 11 mars 1869. Moins de cent ans plus tard, ce comté devient un lieu de capture de nombreux pandas pour alimenter les zoos chinois mais aussi les zoos étrangers qui se voient offrir leur cadeau diplomatique. En 1954, le zoo de Beijing envoya spécialement six personnes pour établir le « bureau des parcs et des forêts du district de Baoxing du zoo de Beijing ». Le bureau se chargea de capturer les animaux rares comme le panda, le rhinopithèque, etc pour les offrir aux zoos de tout le pays. Wang Hongge et He Guangxin en étaient les responsables. Quand le bureau a été fermé en 1976, ce sont au total environ 70 pandas sauvages qui avaient été capturés vivants à Baoxing. Et jusqu'au milieu des années 1980, le comté de Baoxing fournit 118 pandas vivants à l'Etat chinois, dont 15 furent offerts à huit pays étrangers comme cadeaux d'Etat. Ces 8 pays sont la Russie, les Etats-Unis, l'Angleterre, la France, le Japon, l'Allemagne, la Corée du Nord et le Mexique.
Selon les données du troisième recensement national des pandas géants sauvages et de leur habitat, qui s'est déroulé de 1999 à 2003 et dont les résultats définitifs ont été publiés en 2006, le comté de Baoxing abrite 200 032 hectares d'habitat occupé par le panda géant (soit 32,79% de l'habitat total dans les Monts Qionglai, et 8,68% de l'habitat total du panda en Chine) et 143 pandas sauvages (soit 32,72% des pandas dans les Monts Qionglai, et 8,96% des pandas en Chine).
L'habitat du panda dans le comté de Baoxing est en partie protégé par la réserve naturelle nationale de Fengtongzhai (voir ci-après).
La ville de Baoxing comporte une statue d'Armand David, en mémoire du découvreur du panda. Elle remplace une ancienne statue en marbre (Baoxing étant connu pour l'exploitation de cette roche) qui était censée représenter David mais qui représentait par erreur le religieux Desflèches que David avait rencontré à Chongqing avant son départ pour Moupin. L'erreur est dorénavant corrigée.
Hommage au Père Armand David, dans la ville de Baoxing - 31 mars 2015 - © Jérôme POUILLE
Seconde photo de gauche à droite : Père Chen, J. Pouille, Sun Qian, Miaini, Luo Weixiao, Ling
Troisième photo de gauche à droite : Père Chen, J. Pouille, Sun Qian, Luo Weixiao
Les protections en longeant la rivière dans la ville de Baoxing - 31 mars 2015 - © Jérôme POUILLE
Compte-tenu du nombre important de pandas vivants dans le comté de Baoxing, il est fréquent que des pandas sauvages soient aperçus près des villes ou villages et de nombreuses histoires sont relatées dans les médias ; d'autant que la vallée de Baoxing est très peuplée. Par exemple, le 23 juin 2009, un panda sauvage avait été observé dans un grotte près du village de Ziyun (Ziyuncun 紫云村). Le 4 février 2010, Tao Defen, une habitante du village de Dongsheng (Dongshengcun 东升村), avait surpris un panda géant autour de sa maison. La même année, le 13 avril, un autre panda sauvage a été observé dans le village de Ziyun. Toujours en 2010, le 8 juin, Yang Kaixiang, une habitante du village de Yanjingping (Yanjingpingcun 盐井坪村) toujours situé dans le comté de Baoxing, a observé un panda sauvage qui se nourrissait de pousses de bambous dans le bosquet de bambous derrière sa maison. Un peu plus d'un mois après, le 15 juillet 2010, un panda sauvage est aperçu par des ouvriers de la station hydroélectrique de Qiaoqi (Qiaoqixiang 硗碛乡). Le 31 mai 2011, Yang Kaixiang ré-aperçoit un panda près de son jardin. Le 17 septembre 2011, un grand panda sauvage a été repéré dans une maison du village de Zhonggang (ou Zhonggangcun 中岗村) - commune de Yongfu (Yongfuxiang 永富乡) -, toujours dans le comté de Baoxing. Le 26 décembre 2011, un panda sauvage en difficulté près du village de Yanjingping a été secouru puis transféré à la base de Ya'an Bifengxia du Centre chinois de recherches et de conservation du panda géant (China Conservation and Research Centre for the Giant Panda). Moins de deux mois plus tard, le 15 février 2012, un second panda en difficulté a été découvert par des habitants du village de Xinhua (Xinhuacun 新华村) partis dans les montagnes collecter du bois de chauffage ; ce dernier a également été envoyé à Bifengxia. Le 9 février 2013, un panda sauvage a mangé un agneau dans une bergerie appartenant à Gou Bihua, un fermier du village de Jianlian (Jianliancun 建联村). Enfin, le 12 janvier 2015, un panda sauvage a été aperçu près du bureau des forêts de Jiajinshan (夹金山林业局), dans un secteur nommé "Baixionggou" (白熊沟).
Pour en savoir plus : Je suis retourné à Baoxing et à l'église de Dengchigou en mars 2024, année du 155ème anniversaire de la découverte scientifique du panda géant par David
La réserve naturelle nationale de Fengtongzhai
J'ai eu l'opportunité de passer deux jours dans la réserve naturelle nationale de Fengtongzhai (mardi 31 mars après-midi, mercredi 1er avril et jeudi 2 avril matin, 2015). J'ai été accueilli par Monsieur Deng, responsable de la station de conservation de Fengtong, implantée dans le village du même nom à une altitude de 1 600 mètres.
La station de conservation de Fengtong de la réserve naturelle de Fengtongzhai - 31 mars (1ère photo) et 1er avril (2nde photo) 2015 - © Jérôme POUILLE
Depuis le séisme du 20 avril 2013, plus grave encore à Baoxing que celui du 12 mai 2008, l'administration de la réserve ne se situe plus dans le village de Fengtong, mais dans le village de Moupin, proche de Baoxing. Environ 55 personnes travaillent pour la réserve dont environ 35 spécialement sur le terrain (gardes et patrouilleurs).
Cette même station de Fengtong, qui comportait quelques enclos pour héberger des pandas géants trouvés malades ou blessés dans le milieu naturel, n'a plus le droit d'héberger aucun panda géant. Des pandas roux ont pris la place dans les enclos ainsi laissés vides.
Enclos où étaient hébergés quelques pandas sauvages blessés ou malades ; aujourd'hui des pandas roux ont pris leur place
31 mars 2015 - © Jérôme POUILLE
Au total, la réserve compte 6 stations de protection (Linagan, Mintze, Dengchigou, Moupin, Fengtong, ?). A noter que plusieurs de ces stations ont été fortement endommagées par le tremblement de terre du 20 avril 2013.
La station de conservation de Dengchigou est en cours de reconstruction. Elle se situe un peu plus haut que l'église de Dengchigou et j'ai eu l'occasion de la visiter le lundi 30 mars 2015. A noter qu'elle comportera des enclos pour accueillir des pandas et d'après les informations de Monsieur Sun Qian, il est probable que deux pandas du Centre chinois de recherches et de conservation du panda géant (China Conservation and Research Center for the Giant Panda) soient prochainement hébergés dans cette nouvelle station proche du site touristique et emblématique de l'église de Dengchigou.
La future station de conservation de Dengchigou de la réserve naturelle de Fengtongzhai
Sur la première photo, de gauche à droite : Luo Weixiao, Ling, J. Pouille, Sun Qian, Miaini, Père Chen
Seconde et troisième photos : enclos intérieur et extérieur
30 mars 2015 - © Jérôme POUILLE
D'après Monsieur Deng, l'habitat du panda géant a été endommagé au sein de la réserve de Fengtongzhai consécutivement aux deux tremblements de terre successifs de 2008 et 2013 mais aucun panda mort n'a été retrouvé. Par contre, il note d'une part une augmentation du nombre d'observations de pandas sauvages dans les villages de la vallée et d'autre part que les pandas sont actifs à des altitudes un peu plus faibles qu'auparavant.
Dans cette réserve, les pandas vivent principalement entre 2 100 et 2 500 mètres d'altitude.
Même si bien sûr la réserve naturelle n'était pas établie à l'époque de David, il est probable que les pandas dont il est fait l'acquisition ait été trouvé et abattu dans ce qui est maintenant le territoire de la réserve.
Le mardi 31 mars après-midi, nous avons pu randonner dans la vallée de Dashuigou, la vallée la plus proche de la station de Fengtong, avec un garde de la réserve, Monsieur Sun. Nous avons pu atteindre l'emplacement d'un appareil photo à déclenchement infrarouge dirigé vers la rivière où plusieurs animaux viennent boire. Mais l'altitude de ce dernier ne correspond pas à l'habitat du panda et ce sont ainsi d'autres animaux qui sont visés. L'objectif de l'après-midi était également de comprendre l'effet des tremblements de terre, qui se traduisent principalement par des glissements de terrain. Des travaux de replantation de pieds de bambous sont d'ailleurs toujours en cours comme nous avons pu le constater.
Appareil photo à déclenchement infrarouge implanté dans la vallée de Dashuigou - 31 mars 2015 - © Jérôme POUILLE
Vues sur et de la vallée de Dashuigou - 31 mars 2015 - © Jérôme POUILLE
Glissement de terrain dans la vallée de Dashuigou consécutif au séisme du 20 avril 2013
31 mars 2015 - © Jérôme POUILLE
Pied de bambou récemment replanté dans le cadre d'un programme post-séisme - 31 mars 2015 - © Jérôme POUILLE
Le mercredi 1er avril, nous avons randonné dans la vallée de Guobayan, accompagnés de Monsieur Deng et deux autres gardes de la réserve. L'objectif était d'atteindre l'habitat du panda. Cette vallée se situe dans la partie nord de la réserve de Fengtongzhai et n'est pas très éloignée à vol d'oiseau de sa voisine la réserve naturelle de Wolong. Là également, des pieds de bambous sont replantés par l'homme dans la partie basse de la vallée. Nous sommes montés aux altitudes généralement occupées par les pandas sauvages et nous avons eu la chance incroyable d'apercevoir un panda sauvage, apparemment un adulte. Il mangeait mais s'est déplacé lorsqu'il nous a vu (et entendu), nous a regardé puis a grimpé dans le massif de bambous. Nous avons pu examiner le site où il se nourrissait et bien sûr nous avons pu trouver des pousses fraîches de bambous coupées. Nous avons poursuivi notre route plus en altitude pour voir d'autres aspects de l'habitat naturel du panda géant. Nous avons pu voir des sites anciens où des pandas s'étaient nourris, des empreintes de pattes, et des crottes plus ou moins fraîches. Nous avons également récupéré deux appareils photos à déclenchement infrarouge. Enfin, nous avons également pu constater que plusieurs chevaux divaguent en liberté dans la réserve. Ils appartiennent à des minorités tibétaines mais nos gardes semblent affirmer qu'ils ne dérangent pas les pandas sauvages. A noter qu'une étude dans la réserve naturelle de Wolong avait montré que la multiplication des chevaux dans cette réserve, acquis par les agriculteurs mais laissés en semi-liberté dans les forêts, rentrait en concurrence avec le panda notamment pour la sélection de l'habitat et également de la nourriture (bambous).
Des trous ont également été creusés dans la vallée de Guobayan pour y replanter des pieds de bambous - 1er avril 2015 - © Jérôme POUILLE
Paysages de la vallée de Guobayan - 1er avril 2015 - © Jérôme POUILLE
Sous-bois de bambous dans l'habitat du panda géant, vallée de Guobayan - 1er avril 2015 - © Jérôme POUILLE
Le site où nous avons aperçu un panda sauvage, les tiges de bambous viennent fraîchement d'être coupées et mangées par ce panda
1er avril 2015 - © Jérôme POUILLE
Deux anciennes stations où se sont nourris des pandas sauvages,
en témoignent les restes de bambous et les tiges coupées - 1er avril 2015 - © Jérôme POUILLE
Deux appareils photos à déclenchement infrarouge installés dans la réserve sont collectés - 1er avril 2015 - © Jérôme POUILLE
Crottes d'un panda sauvage datant de plusieurs semaines, vallée de Guobayan - 1er avril 2015 - © Jérôme POUILLE
Crotte fraîche (quelques jours) d'un panda sauvage, sur la seconde photo on distingue nettement les fragments de bambous,
les mêmes qui permettent de différencier deux pandas et ainsi sur lesquels s'appuie le recensement - 1er avril 2015 - © Jérôme POUILLE
Crottes d'un panda sauvage datant de plusieurs semaines, vallée de Guobayan - 1er avril 2015 - © Jérôme POUILLE
Deux vues depuis la vallée de Guobayan sur le Mont Hongchantin - 1er avril 2015 - © Jérôme POUILLE
Notre équipe chanceuse du mercredi 1er avril 2015, qui a aperçu un panda sauvage (au centre : M. Deng) - 1er avril 2015 - © Jérôme POUILLE
Chevaux en semi-liberté dans la vallée de Guobayan : un problème pour les pandas sauvages ? - 1er avril 2015 - © Jérôme POUILLE
Le jeudi 2 avril au matin, nous avons randonné dans la montagne de Yuan Chao Po, juste derrière la station de conservation de Fengtongzhai. Cette montagne culmine à une altitude d'environ 3 500 mètres. Notre guide était Monsieur Sun et il nous a expliqué qu'en 2007 il avait transporté un panda trouvé dans la réserve vers la station de Fengtong. Il doit s'agir du panda Wang Jia, secouru le 1er décembre 2007 alors âgé de quelques mois seulement. Nous avons pu observer une station où un ours noir d'Asie (Ursus thibetanus) est venu se nourrir. Dans la réserve naturelle de Fengtongzhai, l'ours du Tibet vit à une altitude inférieure à celle occupée par le panda géant.
Paysage dans la montagne de Yuan Chao Po - 2 avril 2015 - © Jérôme POUILLE
Station où s'est nourrit il y a quelques jours un ours noir du Tibet, il s'est nourrit des fruits de cet arbre - 2 avril 2015 - © Jérôme POUILLE
Un grand merci à Monsieur Sun, notre guide du mardi après-midi et du jeudi matin et qui a partagé avec nous toutes ses connaissances
mais aussi la difficulté et les autres facettes plus personnelles de son métier - 2 avril 2015 - © Jérôme POUILLE
La réserve naturelle de Fengtongzhai est une réserve nationale dans le comté de Baoxing, dans la province du Sichuan. Elle est située sur le versant ouest des Monts Qionglai, un des six grands Monts habités par les pandas sauvages. Elle a été établie en 1975 par le gouvernement de la province du Sichuan et élevée au rang de réserve nationale en 1979. Elle couvre aujourd'hui 39 039 hectares. Cette réserve est adjacente aux réserves naturelles de Wolong au nord et de Heishuihe à l'est. Au sud-ouest, elle est connectée (mais non adjacente) avec la réserve naturelle de Labahe. Les migrations de pandas entre Fengtongzhai et Wolong n'existent pas du fait de l'altitude élevée à franchir. La partie nord de la réserve culmine à une altitude d'environ 4000 m et la partie sud est comprise entre 1 000 et 4 000 mètres d'altitude. Le point le plus haut, dans la partie nord de la réserve, culmine à 4 896 mètres d'altitude. Cette réserve est parcourue par la rivière Donghe mais de nombreuses vallées viennent alimenter cette rivière principale.
Les températures moyennes annuelles sont comprises entre 5,9 et 7,2°C et les précipitations annuelles entre 700 et 1300 mm. Le taux d'humidité est compris entre 79 et 83%. Trois saisons sont identifiées : printemps (avril à juin), été-automne (juillet à octobre) et hiver (novembre à mars).
La végétation est étagée des altitudes les plus faibles vers celles les plus élevées selon le schéma suivant : forêts de feuillus à feuilles persistantes (900-1500 mètres), forêts mixtes de feuillus à feuilles persistantes et de feuillus à feuilles caduques (1500-2000 mètres), forêts mixtes de feuillus et de conifères avec sous-bois de bambous (2000-2900 mètres), forêts de conifères subalpins avec sous-bois de bambous (2900-3500 mètres), prairies arbustives alpines et végétation de pelouses alpines (au dessus de 3500 mètres).
Deux espèces de bambous sont prédominantes : Yushania brevipaniculata (entre 1 800 - 2 600 mètres d'altitude préférentiellement) et Bashania fangiana (entre 2 600 et 3 300 mètres d'altitude préférentiellement).
La réserve naturelle de Fengtongzhai comprend 429 espèces de plantes supérieures et 388 espèces de vertébrés (dont 7 espèces de poissons, 14 d'amphibiens, 19 de reptiles, 280 d'oiseaux et 68 de mammifères). Les principales espèces protégées retrouvées sont le panda géant, le panda roux (Ailurus fulgens), le rhinopithèque de Roxellane (Rhinopithecus roxellanae), la panthère des neiges (Panthera uncia), la panthère nébuleuse ou longibande (Neofelis nebulosa), le takin (Budorcas taxicolor), l'ours noir d'Asie ou ours du Tibet (Ursus thibetanus), le cerf de Thorold ou cerf au museau blanc (Cervus albirostris), la gélinotte de Severtzov (Tetrastes sewerzowi), le lophophore de Lhuys (Lophophorus lhuysii), l'arbre aux mouchoirs (Davidia involucrata), l'arbre caramel (Cercidiphyllum japonicum), le tétracentron de Chine (Tetracentron sinense) ou encore le mélèze hongshan du Sichuan (Larix mastersiana).
Selon le troisième recensement des pandas géants qui a eu lieu entre 1999 et 2003 et dont les résultats définitifs ont été publiés en 2006, 79,24% de la réserve est habité par un effectif de 38 pandas ; tandis que 143 pandas vivent dans le comté de Baoxing. Monsieur Deng m'a indiqué que le nombre de pandas sauvages dans la réserve était en augmentation mais il n'a pas les résultats définitifs du quatrième recensement qu'il n'a pour l'instant reçu qu'à l'échelle de la ville-préfecture de Ya'an.
Sur les traces du Da xiong mao... station de Fengtong - 1er avril 2015 - © Jérôme POUILLE
Un grand merci à Paul, mon guide, et M. Yi, mon chauffeur.