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Accès rapide aux chapitres de la page :

         1. Communication visuelle

         2. Communication olfactive (chimique)

         3. Communication vocale

 

 

Chez le grand panda, les contacts entre individus sont essentiellement indirects si bien qu'ils communiquent entre eux principalement à l'aide de signaux olfactifs et vocaux, le visuel intervenant peu.

 

 

 

1. Communication visuelle

 

Les individus ont peu de contacts physiques directs entre eux en dehors des périodes de reproduction ou des relations mères/jeunes. Ajouté à cela, les pandas ont un faciès peu expressif. Par conséquent, la communication visuelle est peu présente.

 

 

2. Communication olfactive (chimique)

 

Ce type de communication passe par un marquage olfactif du territoire à l'aide de marques odorantes laissées par les individus.

Les pandas possèdent une glande anogénitale spécialisée qui sécrète une substance cireuse comprenant des acides gras à chaîne courte et des composants aromatiques. Ils utilisent également l'urine comme signal chimique. Ils adoptent quatre postures distinctes pour déposer leur marque à des hauteurs variables au-dessus du sol. Les pandas possèdent sûrement des capacités à évaluer sophistiquées pour extraire l'information des stations de marquage.

Les pandas n'ont suffisamment ni de temps ni d'énergie pour défendre leur territoire, et ils se contentent d'en marquer les limites.

Pour ce faire, ils s'accroupissent au sol ou s'appuient contre un arbre ou un rocher et déposent un produit sécrété par leur glande ano-génitale, l'étalant même parfois avec leur queue. Cette dernière, courte et touffue, faisant fonction de brosse. Ils y ajoutent un peu d'urine, qui communique à la marque une forte odeur musquée.

La plupart d'entre eux déposent leur marque à hauteur d'épaule mais il leur arrive de la mettre beaucoup plus haut, en se dressant sur leurs pattes de devant et en s'approchant à reculons de l'arbre qu'ils ont choisi d'imprégner. Ces sortes de poteaux indicateurs présentent des zones foncées et lisses, surmontées de traces de griffes.

 

Marquage du territoire avec la posture du poirier (seconde photo de Wei Rongping)

 

Marquage du tronc d'un arbre

 

Marquage du territoire par un mâle, dans le milieu naturel - 14 avril 2011, Monts Qinling
Remerciements & ©
blog de Burrard-Lucas

 

Un panda mâle renifle les odeurs déposées sur un tronc d'arbre, le 14 avril 2011, dans les Monts Qinling
Remerciements & ©
blog de Burrard-Lucas

 

Pendant la saison des amours, ces repères fonctionnent comme des cartes de visite qui indiquent l'état de réceptivité sexuelle des individus. Une femelle en chaleur accélère ses dépôts pour s'assurer de la présence d'un mâle auprès d'elle au moment voulu. Chez les mâles adultes, ce rythme est plus rapide que chez les femelles ou chez les jeunes pandas, et le marquage n'est pas limité à la saison des amours mais se poursuit toute l'année.

Les marques odorantes sont utilisées essentiellement par le mâle pour délimiter le territoire et signifier aux intrus qu'ils doivent se tenir à distance, mais elles peuvent aussi indiquer qu'il en période de rut.

Les signaux sont principalement déposés le long des chemins parcourus par les pandas, plutôt qu'en périphérie de leur territoire.

Plusieurs études permettent d'en savoir plus sur la composition chimique des sécrétions et sur leurs rôles.

Les mâles peuvent discriminer la condition reproductive femelle sur la base des signaux chimiques. L'urine contient des constituants chimiques qui changent au cours du cycle oestral. Les femelles montrent une préférence pour les odeurs des mâles, accentuée juste avant la période fertile et pour les mâles mâtures. Dans la nature, les pandas utilisent les marquages avant un contact direct avec un reproducteur potentiel et l'odeur joue un rôle important dans la réduction de la tendance d'évitement ou des confrontations entre individus de sexe opposé.

Les pandas femelles et mâles de tout âge préfèrent les odeurs (urine mâle, urine femelle ou marquage odorant mâle) des adultes plutôt que celles des subadultes. A la fois les adultes et les subadultes sont capables de faire la différence entre des odeurs d'adultes et des odeurs de subadultes, mais ils investissent préférentiellement les odeurs des adultes. La hauteur du marquage affecte la réponse comportementale. En effet, les pandas passent plus de temps à investir les odeurs hautes que les odeurs basses suggérant que les pandas accordent plus d'importance sur la collecte d'informations provenant d'individus qui adoptent des postures élevées. Les chercheurs déduisent que les postures élevées doivent avoir pour fonction de communiquer la capacité compétitive et l'intention agressive possible. La hauteur de pose des odeurs, particulièrement avec la posture du poirier, doit être associée à la taille du corps, un déterminant majeur de la capacité compétitive. Les pandas adultes utilisent probablement les signaux chimiques signalant la capacité compétitive à des fins différentes que les subadultes. Malgré leur capacité compétitive élevée, les adultes font quand même face à un risque de blessure durant les rencontres, et doivent utiliser les indices sur le statut du signaleur pour choisir la meilleure stratégie de combat. Cette information peut être utilisée pour décider soit d'esquiver, soit de rechercher, soit d'affronter, soit d'intensifier un combat avec un signaleur.

La composition chimique des sécrétions est propre à chaque individu, la marque olfactive est unique. Bien qu’aucun des composés chimiques du marquage ne soit spécifique à un âge ou un sexe, l’abondance relative de plusieurs composés diffère entre les mâles et les femelles et entre les adultes et les subadultes. L'urine du panda mâle contient également des informations sur la parenté lors de la saison des amours.

Des études ont également été menées sur la persistance des odeurs au fil du temps et sur l'évaluation de l'âge relatif des odeurs par les pandas. Elles révèlent que les sécrétions anogénitales peuvent engendrer une réponse plusieurs mois après leur dépose et l'urine quelques semaines après. De même, les pandas peuvent faire la différence entre des marques d'âges différents. Les pandas adultes préfèrent les plus fraîches tandis que les subadultes ne montrent pas de préférence nette.

En conclusion, les pandas possèdent des capacités discriminatoires sophistiquées pour la distinction entre des odeurs émanant de conspécifiques de catégories variées, et les modalités de la réponse varient souvent avec l'âge, le sexe et la condition reproductive.

Enfin, il a également été démontré que les mères sont capables de reconnaître leur petit via l'odeur et que les bébés montrent une préférence pour l'odeur de leur mère, produisant un effet calmant.

 


Les pandas géants possèdent une glande anogénitale spécialisée
qui sécrète une substance cireuse qu'il utilise pour communiquer avec ses congénères.

 

Ying Ying marque préférentiellement un gros arbre situé dans son enclos - Chengdu, 22 mars 2015 - © Jérôme POUILLE

 

Bing Dian - No.1 Panda house - 20 mars 2015 - © Jérôme POUILLE

 

 

3. Communication vocale

 

Parmi les cris de reconnaissance, les chercheurs ont relevé onze vocalisations différentes. Contrairement à l'ours, le panda ne grogne pas seulement, il aboie plutôt, bêle ou émet d’autres sons en fonction de son état émotionnel.

 

A ECOUTER : Le cri du panda

 

Toute l'année :

Lorsqu'il est menacé, il lui arrive de souffler, d'expirer bruyamment ou de renifler.

Lorsqu'il se sent menacé, lorsqu'il aperçoit un humain par exemple, il peut couiner une ou plusieurs fois.

Lorsqu'il est surpris, il peut aboyer comme un chien et, lorsqu'il est attaqué, pousser des cris perçants. Les pandas qui se battent entre eux grognent et soupirent et, s'ils sont particulièrement agressifs, poussent de terribles rugissements.

Voici quelques autres vocalisations de reconnaissance chez les pandas :
   - Halètement ou toux sourde, parfois gutturale : dénote l’appréhension ou intimide l’adversaire.
   - Grognement grave, parfois explosif : menace.
   - Grognement de cochon. Parfois en déféquant, parfois après avoir perçu une présence humaine : détresse supportable.

 

Lors de la saison des amours :

Les appels des mâles et les gémissements liés à l'époque de la reproduction semblent spécifiques ; ces moments-là sont assez bruyants.

Pendant la période des amours, lorsqu'ils sont près l'un de l'autre, mâles et femelles bêlent souvent comme des chèvres pour communiquer entre eux, se témoigner leur amitié et se rassurer. Cependant, ce bêlement n'est pas assez puissant pour servir d’appel longue distance mais annonce une possibilité d’entente amicale une fois qu’un couple a établi le contact. Chaque panda a son bêlement caractéristique, ce qui peut aider d'éventuels partenaires à sa reconnaître (identification individuelle).

Le plus commun des bruits amoureux est un grognement plaintif allant d'un "meuh" assez bas ou d'une espèce de plainte montante et descendante, à un doux "bou-bou-bou" ou à un puissant cornement. Ce meuglement, éventuellement accompagné d'aboiements, de couinements, de jappements et de rugissements, est un appel longue distance durant la saison des amours, qui peut également signifier une intimidation non-violente. Ces grognements ou rugissements puissants sont les sons les plus agressifs du panda. Les mâles rugissent devant les autres mâles, et les femelles lorsque des mâles les poursuivent avec trop d'ardeur.

Le grognement plaintif peut être un léger avertissement ou un appel à un partenaire lointain.

Les pandas aboient aussi comme des chiens, pour accueillir une femelle et solliciter ses faveurs. Cet aboiement va du jappement au cri selon le degré d’excitation et l’individu rencontré (pendant la cour ou lors d’une rencontre occasionnelle).

Enfin, durant cette période de reproduction, les pandas peuvent claquer des mâchoires, émettre des baisers bruyants ou encore des cliquetis de crocs. Devant une femelle en chaleur, ils signifient une menace vague, dénuée d'agressivité.

 

Pour en savoir plus : La reproduction chez le panda géant

 

Que disent les dernières études ?

En 2009 et 2010, plusieurs études majeures ont été publiées par Benjamin Charlton et al. sur le rôle de la communication vocale.

L'étude publiée dans la revue Proceedings of the Royal Society B (N°277) montre que la structure acoustique des gazouillis des femelles pandas diffère entre les appelants (les femelles) fertiles et pré-fertiles et que les mâles pouvaient percevoir ces différences, ce qui leur permet de déterminer le moment exact de la phase fertile de la femelle. Ces résultats indiquent donc les pandas mâles peuvent utiliser les signaux vocaux pour s'associer et copuler préférentiellement avec les femelles au moment optimum pour la fertilisation. Les signaux vocaux des femelles sont donc importants pour la coordination des efforts de la reproduction.

Une autre étude, publiée dans la revue Animal Behaviour (N°78) a étudié les informations contenues dans les bêlements de panda géant. La vocalise la plus remarquable du panda géant est un bêlement pour signaler une intention non agressive et est particulièrement importante lors de la saison de la reproduction. Les résultats révèlent que les modalités acoustiques des bêlements de panda fournissent une information fiable sur le sexe, l'âge et la taille du corps de l'appelant / de l'émetteur du signal. Cependant, les bêlements du mâle et de la femelle diffèrent dans leur potentiel de signaler l'information sur l'âge et la taille du corps de l'appelant : seuls les bêlements du mâle contiennent une information fiable sur la taille du corps de l'appelant tandis que les bêlements de la femelle sont plus prédictifs de l'âge de l'appelant. D'un point de vue adaptation, il est clairement bénéfique pour un panda de discerner si une vocalise provient d'un reproducteur potentiel (= d'un individu de sexe opposé) ou d'un individu de même sexe qui est dans ce cas plus susceptible de représenter un concurrent et une menace potentielle. En outre, l'âge d'un appelant peut refléter l'expérience de reproduction et / ou la fertilité. Par conséquent, les mâles pourraient théoriquement utiliser cette information sur l'âge des femelles pour cibler leurs tentatives d'accouplement vers les femelles plus âgées qui sont susceptibles d'être des reproductrices expérimentées et a contrario éviter de poursuivre les femelles trop jeunes pour se reproduire. Enfin, ce serait clairement une adaptation pour les mâles et les femelles d'ajuster leur réponse comportementale selon l'information sur la taille du corps transmise via les bêlements. Par exemple, en raison des avantages génétiques d'avoir un petit plus gros (et donc plus concurrentiel), les femelles pandas doivent préférer les bêlements synonymes d'un gros mâle dans le contexte du choix d'un reproducteur. De plus, les mâles doivent utiliser l'information sur la taille du corps d'autres mâles comme aide pour éviter les rencontres à risque avec des concurrents plus importants.

Dans le prolongement, l'étude publiée dans la revue Animal Behaviour (N°79) démontre que les pandas mâles perçoivent, accordent plus d'attention et ont tendance à répondre plus rapidement aux bêlements des femelles et des mâles adultes de petite taille, bêlements qui sont proches en terme de fréquences de formants. D'un point de vue compétitif, la préférence des mâles pour les bêlements des femelles ou des mâles de petite taille leur évite de rencontrer des gros mâles compétiteurs et le cas échéant, ils auront plus de facilité à s'opposer à un mâle de petite taille pour l'accès à une femelle. En revanche, les femelles perçoivent et accordent plus d'attention aux bêlements des gros mâles adultes. Pris ensemble, ces observations montrent que les pandas pourraient utiliser les formants comme indices du sexe de l'appelant en corrélation avec la taille du corps lors de la saison des amours.

En complément, l'étude publiée dans Biology Letters N°7 a démontré que les bêlements des pandas mâles contenaient une information fiable sur leur niveau en androgènes, une hormone sexuelle mâle. Discerner cette information permettrait aux femelles de choisir un partenaire de haute qualité, sous-entendu que plus les niveaux en androgènes sont élevés plus le mâle est fort et puissant, et aux mâles d'éviter des rivaux compétiteurs ou dangereux.

L'étude publiée dans la revue Biology Letters N°5 détermine que les femelles pandas peuvent faire la discrimination entre les vocalisations de différents mâles. La modulation de l'amplitude des bêlements est l'élément clé pour cette discrimination.

Une autre étude, publiée dans Journal of the Acoustical Society of America (N°126) montre que les bêlements du panda géant sont hautement individualisés. Le niveau élevé de variabilité inter-individuelle dans la structure acoustique des bêlements du panda géant laisse à penser qu'ils peuvent faire office de signature vocale. Que le panda géant puisse reconnaître des individus spécifiques par leurs bêlements ou même faire la distinction entre les bêlements de différents individus devra être prouvé sans équivoque, toutefois, le degré élevé de distinction trouvé dans la structure acoustique des bêlements tend à le penser fortement. En outre, l'étude suggère que ces traits acoustiques sont des composantes héréditaires du bêlement du panda qui pourraient être utilisés pour mesurer la parenté génétique. La pertinence écologique de la signalisation acoustique des informations sur l'identité de l'appelant et les implications pratiques potentielles pour la surveillance acoustique des populations de pandas sont discutées dans l'étude. Par exemple, l'installation de caméras infrarouges qui enregistrent également les sons sur des sites de reproduction ou des sites connus comme stations de marquage permettrait de distinguer, sur la base des sons, des individus ou encore d'estimer la taille d'une population ou de suivre / de pister des individus pour mieux comprendre leur dispersion.

Dans le prolongement, une étude de 2015 publiée dans Journal of the Acoustical Society of America (N°138) montre que les caractéristiques acoustiques des bêlements des mâles varient selon le contexte intersexuel d'émission et que des informations significatives sur le niveau d'excitation des mâles pourraient être communiquées par ces bêlements dans des contextes reproductifs et à destination des congénères. Ainsi, les mâles modifient la structure acoustique de leurs bêlements selon différents contextes intersexuels. Les caractéristiques acoustiques des bêlements des mâles ont le potentiel de signaler l'état de motivation de l'appelant et suggèrent que les mâles augmentent le taux de modulation de fréquence fondamentale de leurs bêlements lorsqu'ils sont seuls pour diffuser leur qualité maximale et promouvoir un contact rapproché avec les femelles réceptives pendant la saison de reproduction. Les femelles à la recherche d'un partenaire peuvent également tirer parti de l'extraction à distance d'informations pertinentes sur les bêlements des mâles sans avoir à s'approcher de tous leurs partenaires potentiels. Les bêlements émis par les mâles peuvent également permettre aux femelles de les localiser et ainsi d'éviter des contacts avec des mâles en recherche d'une partenaire pour l'accouplement si elles ne sont pas encore au pic de leur réceptivité ; et ainsi éviter de potentielles rencontres qui se traduiraient inévitablement par une agressivité du mâle. Les bêlements pourraient également faciliter le transfert d'informations formelles sur la taille corporelle et l'identité des appelants mâles qui ne sont pas encore impliqués dans des interactions rapprochées avec les femelles, permettant ainsi aux femelles de se familiariser progressivement avec les vocalisations de mâles compétiteurs pour préférer ces individus dans des contextes de choix de partenaire. Les femelles à la recherche d'un partenaire peuvent ainsi tirer parti de l'extraction à distance d'informations pertinentes sur les bêlements des mâles sans avoir à s'approcher de tous leurs partenaires potentiels.